Ce n’est pas tous les jours que nous pouvons travailler dans le sport qui nous passionne. Dans le cas d’Annabelle Briand, ce sont la traduction et les chevaux qu’elle a réussi à combiner lorsqu’elle a obtenu le poste de Coordonnatrice, traduction de Canada Équestre (CE) en 2020.
Mme Briand a travaillé comme traductrice et réviseure dans divers milieux, tels que le gouvernement fédéral, une entreprise privée spécialisée dans le secteur juridique et son entreprise individuelle. Elle détient d’ailleurs un baccalauréat ès arts spécialisé en traduction anglais-français de l’Université d’Ottawa, ainsi que de l’expérience auprès des chevaux. Sa passion pour le milieu équin renforce son engagement envers une communication de qualité des programmes et services de CE dans les deux langues officielles.
À l’occasion du Mois du patrimoine asiatique, pourriez-vous nous parler un peu de votre histoire et de vos origines?
Je suis née à Taipei, à Taiwan. Ma mère biologique n’avait pas les moyens de prendre convenablement soin de moi, donc elle m’a confiée en adoption. Elle a parcouru les dossiers des différentes familles et a choisi ma mère actuelle en raison de son sourire sur les photos. Je suis demeurée en contact avec ma mère biologique jusqu’à l’âge de huit ans, ce qui m’a permis d’en savoir beaucoup sur mes origines asiatiques et sur l’histoire de ma naissance.
Je suis très reconnaissante d’avoir été élevée au Canada dans une famille québécoise aussi merveilleuse et aimante. Ma mère et mon père sont des personnes formidables qui m’ont appris les bonnes valeurs et m’ont toujours soutenue dans mes passions. Ils sont les meilleurs parents que j’aurais pu avoir et je ne pourrai jamais les remercier assez pour tout ce qu’ils ont fait pour moi.
Parlez-nous de votre lien avec les chevaux. Depuis combien de temps pratiquez-vous l’équitation? Quelle est votre discipline?
J’aime les chevaux depuis aussi longtemps que je me souvienne. Ma mère savait à quel point cela m’intéressait, donc elle m’a inscrite à un camp d’été d’une semaine dans la ville de Québec dès mes cinq ans. Je suis montée sur un cheval et j’ai immédiatement eu la piqûre!
Je pratique maintenant l’équitation western, mais j’ai développé une véritable passion pour le travail en liberté grâce à ma formidable entraîneure, Valérie Laplume. Elle m’a énormément appris sur la compréhension et le respect du cheval et sur la manière dont on communique avec eux. Elle est incroyable et je suis encore des cours avec elle dès que je le peux.
Cette nouvelle passion m’a d’ailleurs menée à acheter mon poney, Mayden. Il a été secouru sur le bord de la mort par son ancienne propriétaire dans un encan. Elle a fait du très beau travail de réhabilitation avec lui. Nous faisons maintenant équipe depuis deux mois et nous nous amusons beaucoup ensemble. Il mesure seulement 42 pouces de haut. Il est mignon et intelligent et a un tempérament adorable.
Qu’est-ce qui t’a menée vers la traduction?
Adolescente, j’avais d’assez bonnes notes en français et je passais le plus clair de mon temps à lire et à écrire des histoires. Un jour, je regardais un jeu télévisé, et l’une des participantes était traductrice. Je me suis immédiatement dit : « J’aimerais faire ça ». Je me suis donc lancée sur cette voie et m’y voici toujours, 13 ans plus tard! J’ai obtenu mon baccalauréat en traduction à l’Université d’Ottawa et j’ai travaillé dans de multiples environnements pour trouver ce qui me faisait vraiment vibrer. J’ai ensuite eu l’occasion de travailler pour CE et cela a représenté un point marquant dans ma carrière. Je peux maintenant vivre mes deux passions et j’en suis très reconnaissante!
La traduction est-elle importante dans le sport équestre? Comment touche-t-elle la communauté francophone?
La traduction est très importante. Le sport est universel et c’est tout à fait merveilleux lorsqu’on y pense. Il contient toutefois de nombreuses subtilités, notamment dans ses règlements et dans ses politiques. Si nous ne les comprenons pas bien, il est possible de se retrouver disqualifiés ou de rater de l’information pertinente qui pourrait nous être utile lors de concours ou d’entraînements.
Cela s’applique également dans le cas de formations. Il est primordial de pouvoir comprendre parfaitement le contenu qui est censé nous aider à nous améliorer. Il en va de même aussi pour la visibilité que nous donnons à nos athlètes dans les communiqués et les infolettres. Nous voulons partager ce contenu intéressant et les bonnes nouvelles au pays tout entier, pas seulement à la communauté anglophone. Il est donc très important de rendre notre contenu inclusif et accessible pour la minorité francophone.
La traduction joue un rôle important dans l’inclusion. Les francophones doivent se sentir compris et surtout respectés. La qualité du contenu est d’ailleurs une priorité. En tant qu’anglophone, vous ne laisseriez pas n’importe qui écrire des communiqués, des règles ou des politiques simplement parce qu’il ou elle sait parler anglais. Vous auriez recours à des spécialistes et éviteriez d’utiliser des outils automatiques sans la supervision d’une ou un professionnel. Le même principe s’applique en traduction. Certaines personnes croient qu’être bilingue est suffisant pour traduire un texte, mais c’est faux. La traduction requiert une bonne connaissance de la culture, de la terminologie, du milieu ou du sujet, de solides compétences en écriture, une attention aux détails, une compréhension des nuances et du sens, et de l’expérience. Les francophones méritent la même qualité que les anglophones, sans discrimination.
Ce n’est évidemment pas toujours facile, puisque la traduction requiert bien des ressources et de l’organisation. Ce n’est donc pas toujours parfait. La communauté doit aussi être informée davantage à ce sujet, puisque plusieurs ont encore de la difficulté à comprendre l’importance de la traduction. Je crois que la situation va s’améliorer avec le temps et que nous devons simplement continuer à faire preuve de patience, de compréhension et de motivation et à travailler dur. À mon avis, la traduction a encore un brillant avenir!