Lindsay et la jument hanovrienne de 11 ans (Fidertanz 2 x Rubin Royal OLD), connue simplement sous le nom de « Flora », ont aidé l’équipe canadienne de dressage à remporter la médaille d’or au Pérou le 29 juillet. Comment Chloe, Lindsay et Flora se sont-elles réunies avant de se retrouver sur le podium? Canada Équestre (EC) s’est entretenu avec Chloe pour en savoir plus.
Chloe Gasiorowski (à droite) de New York, dans l’État de New York, a donné la selle de son cheval Floratina (« Flora ») à Lindsay Kellock (à gauche) de Wellington, en Floride, pour les Jeux panaméricains de Lima 2019.
Source : Ashley Holzer
CE : Quand avez-vous commencé à vous entraîner avec Lindsay?
C.G. : J’ai rencontré Lindsay il y a une dizaine d’années alors qu’elle travaillait avec Ashley Holzer aux écuries Riverdale dans le Bronx, dans l’État de New York, une Olympienne canadienne de quatre Jeux. Je m’entraînais avec quelqu’un d’autre à l’époque, mais je suis Canadienne et j’ai toujours admiré Lindsay, son talent et le groupe de support canadien qui s’était constitué autour d’elle. J’ai toujours su comme Canadienne que je voulais faire partie de cette équipe.
J’ai commencé à m’entraîner avec Lindsay au début de 2017. Je me suis approché d’elle dans le stationnement de l’Adequan Global Dressage Festival de Wellington (Floride) et je l’ai surprise avec ma demande. Je ne pense pas qu’elle ait eu beaucoup de temps pour y réfléchir! Elle a un emploi du temps incroyablement chargé et elle choisit ses élèves soigneusement, alors je me suis sentie très chanceuse.
Nous nous entraînions d’abord aux écuries Riverdale Stables et je faisais le trajet aller-retour de New York. Quelques mois plus tard, j’ai acheté ma propre petite grange, Marengo Farms à Bedford Hills dans l’État de New York. Maintenant, nous y gardons les chevaux pendant les mois d’été. J’ai trois enfants de six ans et moins, et c’est assez magique de pouvoir marcher dans ma cour arrière, fermer la porte au son des enfants qui se chamaillent derrière moi et monter à cheval sur des chevaux de dressage de haut niveau.
Chloé, photographiée sur Flora, s’entraîne avec Lindsay depuis 2017.
Photo : Courtoisie de Chloe Gasiorowski
CE : Qu’est-ce que vous aimez de l’entraînement avec Lindsay?
C.G. : Lindsay attend le meilleur de chaque cheval. Elle encourage ses élèves à rêver en grand et à travailler fort pour réaliser ce rêve; j’ai vu ces rêves se réaliser de mes propres yeux. Lindsay sait comment faire débloquer une idée et la concrétiser dans son enseignement. Elle peut expliquer le concept de la façon d’obtenir un mouvement et d’améliorer ce mouvement, en le faisant passer de cinq ou six à huit.
Elle travaille aussi plus dur que n’importe qui d’autre que je connais. Elle n’a jamais manqué un jour de travail depuis que je la connais. Peu importe ce qui se passe à l’extérieur du travail, quand elle est dans le manège, elle est au travail et elle est concentrée comme un laser pour atteindre le but du jour, peu importe ce que c’est. J’ai appris plus de choses en deux ans avec elle que je n’en ai apprises en toute une vie d’équitation.
CE : Pouvez-vous décrire votre relation avec Lindsay?
C.G. : Je pense que c’est un partenariat fondé sur le respect mutuel. Nous voulons toutes les deux ce qu’il y a de mieux l’une pour l’autre. Je lui fais entièrement confiance et je sais qu’elle veille toujours à mes intérêts. Nous parlons beaucoup des affaires et de l’équitation et nous nous échangeons des idées – elle est très réfléchie. Cependant, il n’y a pas que les affaires : nous vivons l’une à côté de l’autre pendant les mois d’été, donc nous nous voyons beaucoup et sommes donc devenues de bonnes amies. Elle est de bonne compagnie et mes enfants l’adorent.
Lindsay et Chloe sont devenues de bonnes amies et voisines!
Photo : Courtoisie de Chloe Gasiorowski
CE : Quand Flora est-elle entrée dans le décor?
C.G. : Nous avons acheté Flora en novembre de l’année dernière. Tout le mérite revient à Lindsay. On a failli acheter un cheval en Europe, mais elle n’a pas réussi l’examen. Nous étions toutes les deux déçues, mais un jour Lindsay m’a envoyé un texto à propos de Flora. Elle avait toujours aimé le cheval et avait entendu dire qu’elle était à vendre. Une semaine plus tard, je me suis rendu à Wellington, en Floride, pour l’essayer et je l’aimais, moi aussi. Ashley l’a aussi essayée et l’a aimée.
Lindsay a toujours eu un faible pour la jument baie.
Photo : Courtoisie de Chloe Gasiorowski
CE : Flora et Lindsay n’ont jamais obtenu un résultat inférieur à 70 % au niveau FEI. Qu’est-ce qui fait de Flora une monture si spéciale?
C.G. : Son cerveau et son éthique de travail. Elle possède un mouvement beau et élégant dont un cheval a besoin à ce niveau de compétition, mais son tempérament la distingue des autres. À la Coupe des Nations [2019 Wellington], Jacquie Brooks a ouvert un drapeau canadien géant juste devant Flora après la cérémonie de remise des prix et a commencé à le brandir. Les yeux de Flora étaient aussi grands que des soucoupes, mais elle n’a pas bronché et a continué à galoper droit vers le drapeau.
En plus de ses remarquables capacités athlétiques, le cerveau et le tempérament de Flora la distinguent des autres.
Photo : Cealy Tetley
CE : Pourquoi avez-vous décidé de donner à Lindsay un tour sur Floratina?
C.G. : C’était vraiment logique. Lindsay m’a appelé un jour et m’a proposé de la déclarer [en vue des Jeux panaméricains]. J’ai dit oui sans réfléchir, mais en y repensant, il y a trois raisons principales :
- Je voulais supporter Lindsay. Il n’y a personne de plus méritante – elle travaille 24 heures sur 24 et c’est une motivation depuis toujours pour elle.
- Je voulais appuyer le Canada. Ce sport a été si important pour moi tout au long de ma vie. Je ne vis pas actuellement au Canada, mais mes racines sont là et toute ma famille y vit. J’amène certains de mes jeunes chevaux au Canada. Je suis Canadienne de tout cœur.
- J’ai trois enfants et, au moment où Lindsay a dû déclarer, mon cadet avait cinq mois. Je n’ai pas eu le temps d’aller en Floride pour participer à des concours avec Flora. Il n’y avait absolument aucun inconvénient dans mon esprit à ce que Lindsay prenne le relais. Peu importe le résultat, elle connaîtrait mon cheval de fond en comble avant que je ne sois en mesure de monter à nouveau.
CE : Qu’est-ce que ça fait de voir Lindsay et Flora aider Équipe Canada à remporter la médaille d’or?
C.G. : Je suis incroyablement fière et heureuse pour Flora et Lindsay. C’était palpitant et grisant, mais Lindsay galopait dans le manège et on pouvait voir la détermination sur son visage. Une fois le test commencé, il était clair qu’elle y tenait. Je pense que ce qu’il y a de plus spécial à regarder, c’est de savoir que ce n’est que le début pour elle. Je n’ai aucun doute que Lindsay participera à de très nombreuses autres compétitions internationales pour le Canada. C’est assez spécial d’être témoin de ce genre de talent dès le début de sa carrière.
Lindsay et Flora se pavanent en route vers le sommet du podium de Lima.
Photo : Cealy Tetley
CE : Qu’est-ce que ça fait de faire partie de l’équipe canadienne de dressage en tant que propriétaire?
C.G. : J’ai grandi en admirant et en encourageant tous les cavaliers de l’équipe équestre du Canada. Ils étaient des super étoiles pour moi. Pouvoir faire partie d’une équipe est très spécial, et j’espère pouvoir continuer à faire partie de cette équipe.
Chloe (à l’extrême droite) aux côtés de ses compatriotes d’Équipe Canada aux Jeux panaméricains.
Photo : Cealy Tetley
CE : Après son retour au Canada avec une médaille d’or par équipe, quelle sera la prochaine étape pour Flora?
C.G. : Maintenant que j’ai fini d’avoir des bébés, j’ai hâte de retourner au concours avec Flora… cette fois en selle. En ce moment, elle est de retour dans ma grange après son long voyage, elle est gâtée et s’affirme de nouveau comme la reine des juments.