À l’occasion du Mois de l’histoire des Noirs, nous avons rendu hommage à John Ware, un cowboy légendaire de l’Alberta. En 2020, l’Office national du film du Canada (ONFC) a publié un documentaire biographique à son sujet intitulé Sur les traces de John Ware. La vedette équine principale du film, Cody, célèbre cette année son 30e anniversaire. Nous vous invitons à découvrir son histoire fascinante dans la rubrique de ce mois-ci.
Cody et Fred Whitfield, un champion du monde en prise du veau au lasso, figurent sur le grand écran dans le documentaire Sur les traces de John Ware.
Source : Mike McLean
Gracieuseté de Lee McLean de Keystone Equine (Pekisko, Alberta).
Cody avait 18 ans lorsque je l’ai rencontré. Ce hongre quarter horse enregistré avait jusqu’alors œuvré comme cheval de ranch sous la selle de son fidèle partenaire, qui deviendrait éventuellement mon gendre. Les immenses pâturages collectifs du sud de la Saskatchewan requièrent l’usage de chevaux robustes et agiles pouvant endurer de longs déplacements ardus. Ils devaient être fiables et garder le lasso raide lorsque leur partenaire mettait pied à terre pour immobiliser et soigner le bétail, et ce, à une journée de distance des enclos. Cody répondait à tous ces critères.
Lorsque nos chemins se sont croisés, nous étions tous deux à la retraite et peu heureux de l’être. Cody avait humblement pris sa place dans le pré afin de laisser la place à des chevaux plus jeunes, plus forts et plus en forme. De mon côté, je luttais contre la dépression. Je vivais également un grand changement dans ma vie, car je venais tout juste de survivre à un AVC. J’étais sur le point d’accrocher ma selle pour de bon, lorsque mon gendre a décidé que Cody serait le cheval qui me ferait garder les rênes. Je me souviens encore de cette veille de Noël glaciale où j’attendais, pleine d’excitation, que le camion se pointe dans mon entrée enneigée.
J’ignorais ce soir-là que mon nouveau cheval serait toujours à mes côtés, plus de dix ans plus tard, et que je franchirais encore des kilomètres avec lui.
Cody, un hongre quarter horse, et Lee Mclean parcourent le champ ensemble.
Source : Mike McLean
Après avoir combattu une maladie grave, il n’est pas rare de se sentir paralysés par la peur et l’incertitude lorsqu’on s’apprête à remonter en selle. Plusieurs personnes qui ont passé leur vie à cheval sont étonnées de ce fait. Pour retourner à cette passion à laquelle nous tenons tant, il est important d’avoir un cheval spécial qui peut nous appuyer dans ce cheminement. Cody était le cheval pour moi.
Ce vieux camarade est fier et n’a jamais fait de faux pas. Mon mari l’a utilisé pour attraper des veaux au printemps, lors de la période de marquage. J’ai également travaillé avec lui pour enseigner à des douzaines de femmes à monter en amazone. J’ai aussi, en quelque sorte, appris à skier. Je voulais pratiquer du bon vieux ski-joering avec Cody pour nous garder en forme durant ces longs mois d’hiver. Lui et moi avons participé à toutes les parades qui avaient lieu à des kilomètres à la ronde. Nous nous promenions en saluant la foule et en arborant sa vieille bride argentée et ma selle d’amazone vieille de 1885. Il ne m’a jamais laissée tomber et je n’ai jamais douté de lui.
Cody et Lee McLean en train de pratiquer le ski-joering
Source : Iain McLean
Si ce grand Alezan pouvait avoir une devise, ce serait « tu ne vieillis pas, tu prends de la valeur ». Cody m’a montré que ma vie équestre n’était pas terminée et que je pouvais utiliser cette passion en affaires en éduquant, en entraînant et en vendant des poneys. Il faisait office de mentor pour les poulains. Je lui accordais une confiance aveugle et je voulais qu’ils adoptent sa personnalité. Une citation dit que « les vrais cowboys sont ceux que l’on ne peut voir de la route ». J’imagine qu’il en va de même pour les vrais chevaux de ranch. Cody apparaît régulièrement dans des publications et vidéos de Keystone Equine, ce qui lui a permis de se créer une communauté de 37 000 abonné(e)s. C’est tout un accomplissement pour un vieux cheval de ranch qui n’a jamais mis les pieds en compétition!
À l’âge de 25 ans, il a été la vedette d’une double page centrale dédiée à la selle d’amazone dans America’s Horse, une publication officielle de American Quarter Horse. L’année suivante, il m’a fièrement transporté au centre d’une arène, où j’ai chanté Ô Canada en introduction à une performance du Carrousel de la GRC. Il m’a toutefois volé la vedette quand, au milieu de mon solo, il a décidé d’uriner beaucoup, et longtemps, avant de couronner le tout avec un grognement de soulagement! Le public l’a ensuite acclamé et Cody est demeuré immobile, tout heureux de cette attention.
Cody porte Lee McLean jusqu’au centre de l’arène pour chanter Ô Canada, avec le Carrousel de la GRC en arrière-plan.
Source : Janice Storch
C’est à 27 ans que Cody a fait ses débuts sur le grand écran. Il a démontré sa beauté et sa belle énergie en jouant le rôle équin principal du documentaire Sur les traces de John Ware, une œuvre récompensée de l’ONFC. Après le générique de début, une scène à couper le souffle est dévoilée, montrant Cody et Fred Whitfield sur une colline herbeuse et bercée par le vent. Fred, qui a remporté huit fois le titre de champion du monde en prise du veau au lasso, incarnait John Ware, un cowboy noir légendaire du Canada.
Lorsqu’il a pris les rênes de Cody, ce dernier a hoché doucement la tête en réponse. L’acteur s’est aussitôt exclamé « Yessir, now this is a hoss! » (OuiMissieur, ça, c’est un ch’val!) C’était fabuleux d’observer ce grand champion manier un lasso en cuir brut vieux de plus de cent ans en surmontant tous les défauts, tandis que mon hongre se tenait bien droit sous sa selle. Il était fier et mâchouillait silencieusement son mors. Fred s’est révélé être un homme de cheval fabuleux. Il ne s’agissait pas que d’un titre. Il réajustait la selle régulièrement durant le tournage et descendait de selle pour traverser les routes de gravier et pour donner un répit à Cody entre les scènes.
Un gros plan de Cody en train d’observer les montagnes de l’Alberta.
Source : Lee McLean
Plusieurs journalistes curieux de la ville sont montés sur Corey durant notre série de courses en amazone, qui nous a éventuellement menés au Calgary Stampede. Je savais qu’ils et elles pourraient faire l’expérience d’une selle d’amazone en toute sécurité. Lors de mon entrevue avec la chaîne CBC sur la course en amazone, j’ai parlé non pas assise dans un studio d’enregistrement, mais sur le dos de Cody. Je m’y sentais chez moi. Durant l’entrevue, on pouvait l’entendre remuer le mors dans sa bouche.
Mon maréchal-ferrant dit qu’il espère pouvoir poser les fers d’été de Cody, qui approche maintenant ses 30 ans. Nous allons le garder occupé avec ce qu’il aime. Il apprécie les petits travaux comme mener les poulains, vérifier les barrières et diriger les vaches vers le cours d’eau et les ramener. Cody n’est pas du genre à prendre sa retraite tôt. Il est convaincu qu’il joue un rôle indispensable et est encore en bonne santé. Chaque jour, il quitte son troupeau pour traverser les collines et se rendre dans la cour, ou il profite de sa nourriture chaude et, lors de journées venteuses et froides, de sa couverture matelassée. Il se prend pour un gros dur, mais il a appris à apprécier les petites choses de la vie et nous rejoint avec joie, par lui-même, pour profiter de ses soins quotidiens.
Une cinquième génération s’est maintenant ajoutée à notre famille du ranch, avec l’arrivée de ma petite-fille, Ruby. Suis-je naïve d’espérer que Cody demeure dans les parages pour lui enseigner les rouages du métier? J’adorerais que Ruby rencontre ce cheval. Il s’agirait, pour Cody et toute notre famille, du dernier chapitre honorable d’une vie généreuse, humble et digne.
Merci de nous avoir laissés prendre tes rênes Cody.
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