Écrit par : Linaya Pot, MSc, PAS

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Une consommation excessive de sucre provenant de pâturages verts peut déclencher des réponses insuliniques anormales chez les chevaux métaboliques, augmentant ainsi leur risque de laminite. Afin d’atténuer ce risque, de nombreux propriétaires de chevaux métaboliques gardent leurs animaux à l’écart des pâturages luxuriants pendant la saison de croissance, généralement au printemps et au début de l’été.
L’hiver amène des défis uniques pour la gestion des chevaux métaboliques, car les graminées de saison fraîche, bien qu’elles ne poussent pas activement durant cette saison, peuvent tout de même stocker des sucres.
Poursuivez votre lecture pour découvrir des stratégies de gestion efficaces permettant de vous assurer que vos chevaux sont bien nourris et confortables tout au long de l’année.
Les risques liés aux pâturages d’hiver pour les chevaux métaboliques
Les graminées convertissent le dioxyde de carbone et l’eau en sucres grâce à la photosynthèse. Ces sucres sont stockés sous forme de glucides, comme le saccharose et les fructanes, pour alimenter la croissance et permettre la survie de la plante.
Dans les graminées de saison fraîche, les niveaux de sucre augmentent dans certaines conditions, telles que pendant les périodes de croissance rapide ou de stress environnemental. De même, la sécheresse, le gel ou une chute soudaine de température peuvent stresser la plante, l’obligeant à stocker davantage de sucres comme mécanisme de survie.
Pour les chevaux métaboliques, la consommation d’herbes riches en sucres peut entraîner des niveaux d’insuline nocifs et augmenter le risque de laminite. C’est pourquoi des risques importants sont liés à certains pâturages.
Les pâturages d’hiver peuvent contenir des niveaux élevés de glucides hydrolysables (GH; sucre + amidon). Cependant, il est difficile de prédire les niveaux de GH dans les pâturages d’hiver en raison des variations de température, des espèces de plantes et des conditions régionales.
Cette variabilité signifie que les réponses insuliniques des chevaux métaboliques qui broutent sur des pâturages d’hiver peuvent être inconstantes et difficiles à gérer.

Les niveaux de sucre dans les herbes des pâturages d’hiver
Les plantes comme les herbes de pâturage contiennent une grande quantité d’eau, ce qui les rend vulnérables au gel en hiver. Pour survivre aux conditions de gel, les plantes accumulent des composés cryoprotecteurs, tels que le saccharose, un sucre soluble. Le saccharose et d’autres sucres similaires réduisent le risque de gel et différentes espèces de plantes utilisent divers types de sucres pour se protéger.
Cependant, les plantes ne peuvent pas produire activement ces sucres protecteurs pendant les températures de gel. Par conséquent, elles comptent donc sur des glucides précédemment stockés pour se protéger par temps froid.
L’emmagasinage du sucre
La quantité de sucre dans une plante dépend de la quantité qu’elle produit, consomme et emmagasine.
Lorsque les températures descendent en dessous de 8 à 10 °C (46 à 50 °F), les plantes cessent de pousser. Cependant, elles peuvent continuer à produire des sucres tant que la température reste au-dessus du point de congélation. Comme la croissance n’a plus lieu, les sucres produits durant cette période ne sont pas utilisés mais bien plutôt stockés dans la plante.
Au fur et à mesure que la saison froide se poursuit, les plantes accumulent des réserves importantes de sucre. Ce processus leur permet de survivre à des conditions rigoureuses, mais il mène aussi à des niveaux de sucre élevés dans les herbes des pâturages hivernaux.
Les fluctuations des niveaux de sucre
Les niveaux de sucre dans les graminées de saison fraîche fluctuent considérablement en fonction des changements de température saisonniers.
À la fin de l’automne, les températures basses combinées à un ensoleillement adéquat permettent aux graminées de saison fraîche de continuer à effectuer la photosynthèse et de produire du sucre. Cependant, puisque la croissance des plantes s’arrête par temps frais, ces sucres sont stockés sous forme de fructanes, qui ne déclenchent pas de réponse insulinique chez un cheval métabolique.
À mesure que l’hiver s’installe et que les températures descendent sous le point de congélation, le saccharose est libéré des réserves de fructanes pour protéger la plante du gel. Cela entraîne des concentrations plus élevées de glucides hydrolysables (GH) à la base de la tige, dans les feuilles et les tissus du collet lors de conditions de gel.
Pendant les pics de GH causés par la température, ces graminées sont considérées comme présentant un risque élevé pour les chevaux métaboliques. Certaines graminées conservent leurs réserves de fructane tout au long de l’hiver sans libérer de saccharose. Ces plantes, à forte teneur en fructane mais à faible teneur en GH, sont considérées comme des options de pâturage plus sûres pour les chevaux métaboliques.
Toutefois, en raison de la variabilité des températures, des changements saisonniers et des espèces de graminées, il peut être difficile de prédire quelles plantes posent un risque. Pour les chevaux métaboliques, il est plus sûr d’être prudent avec l’ensemble des graminées de saison fraîche, surtout pendant les périodes de fluctuations de température.
Une fois que les températures sont constamment inférieures à zéro et que l’herbe devient dormante pour l’hiver, il est potentiellement sûr pour les chevaux métaboliques de retourner au pâturage. Cependant, même lorsqu’elles sont brunes et apparemment mortes, les plantes peuvent encore stocker suffisamment de sucres pour représenter un risque pour les chevaux sensibles.
En cas de doute, il est plus sûr de garder ces chevaux sur une parcelle sèche sans accès au pâturage, surtout dans les climats hivernaux plus doux où il est possible que les pâturages n’entrent pas complètement en dormance hivernale.
Comment gérer les chevaux métaboliques sur des pâturages hivernaux?
Les sorties à l’extérieur en hiver sont extrêmement bénéfiques pour les chevaux, car elles favorisent leur bien-être physique et mental. Cependant, les sorties à l’extérieur doivent être gérées correctement pour réduire le risque de laminite. Si votre cheval souffre de problèmes métaboliques et qu’il a accès aux pâturages en hiver, envisagez les méthodes suivantes pour minimiser les risques :
- Fournir du foin : offrir du foin comme source de fourrage alternative peut réduire la consommation de pâturage.
- Attendre que la neige ait une certaine épaisseur : une couche de neige épaisse et dure rendra l’accès à l’herbe plus difficile.
- Utiliser une muselière de pâturage : Utilisez une muselière de pâturage si vous remarquez que votre cheval gratte la neige pour atteindre les racines ou la base de la tige des plantes, puisque c’est là que le sucre est emmagasiné.
- Surveiller les niveaux d’insuline : le fait de tester régulièrement les niveaux d’insuline peut aider à déterminer si votre cheval a une réponse insulinique anormale à l’herbe et s’il doit être retiré des pâturages.
Pour les chevaux présentant des problèmes métaboliques, les sorties sur une parcelle sèche avec du foin approprié est une autre excellente alternative aux sorties au pâturage. Cette option réduit le risque que les chevaux consomment des sucres, tout en offrant les bienfaits de l’activité extérieure.
L’apport en foin garantit que les chevaux métaboliques ont une source de fourrage sûre et contrôlée, répondant à leurs besoins nutritionnels sans compromettre leur santé.
Types de graminées
Les graminées sont divisées en deux groupes principaux : les graminées de saison chaude (C4) et les graminées de saison fraiche (C3). Ces plantes de ces deux groupes diffèrent dans leur manière de produire, d’utiliser et de stocker les sucres, ainsi que dans leurs voies de photosynthèse.

Linaya Pot, MSc, PAS.
Linaya est née sur une petite ferme laitière familiale du sud-ouest de l’Ontario. Elle a passé une grande partie de son enfance à s’occuper des animaux de la ferme, y compris plusieurs chevaux, des chèvres pygmées et des moutons. Ses jeunes années ont fait naître sa passion pour l’élevage et les soins des animaux. Elle a donc fréquenté l’Université de Guelph où elle a obtenu son baccalauréat ès sciences spécialisé en biologie animale et une maîtrise ès sciences axée sur la nutrition des vaches laitières. Tout en étudiant à l’université, elle a continué à développer ses habiletés de cavalière en se joignant au Club équestre de l’Université de Guelph. Après avoir reçu son diplôme, elle a travaillé dans l’industrie agricole en tant que conseillère en nutrition. Même si la majorité de son travail de nutritionniste visait les bovins, elle a aussi élaboré des régimes alimentaires pour les moutons, les chèvres, les chevreuils et les hamsters. Elle a rejoint les effectifs de Mad Barn pour pouvoir conjuguer sa passion pour les industries laitière et équine.
