À travers un dialogue ouvert, Mme Fernandes aborde le parcours qui l’a menée à devenir entraîneure, en plus d’expliquer son rôle à l’échelle provinciale qui consiste à soutenir le perfectionnement des entraîneures et entraîneurs en Alberta. Elle exprime également ses points de vue et ses idées sur la façon dont le sport équestre ainsi que les entraîneures et entraîneurs peuvent donner l’exemple en matière de soutien à la communauté sportive 2ELGBTQI+.

Coach Spotlight: Helping Equestrians Get from Where They Are to Where They Want to Be

Mme Fernandes et son père sur la petite Tieta au Brésil.

Q : À quel moment avez-vous commencé à vous intéresser aux chevaux?

R : Je ne me rappelle pas quel âge j’avais lorsque je suis montée à cheval pour la première fois, car j’étais encore un bébé, comme vous pouvez le voir sur la photo de mon père et moi avec la petite jument Tieta. J’étais déjà passionnée des chevaux avant même d’apprendre à parler. Quand j’avais environ neuf ans, j’ai demandé à ma mère s’il existait une école pour apprendre l’équitation et, moins d’un mois plus tard, j’étais inscrite à un programme scolaire d’équitation au Brésil.

Q : Qu’est-ce qui vous a incitée à devenir entraîneure?

R : J’ai toujours été très avide de connaissances. D’aussi loin que je me souvienne, l’éducation permanente a toujours été ma visée. Mais peu importe les connaissances que l’on acquiert, l’important, c’est d’être en mesure de les partager et de les transmettre aux autres. Pouvoir partager nos expériences et permettre aux autres de suivre leur propre voie procurent le meilleur sentiment que l’on puisse éprouver. Il n’existe pas de mots pour décrire ce qu’on éprouve lorsqu’on voit d’autres personnes explorer et découvrir le monde grâce à un de nos enseignements. Je peine à exprimer ce sentiment, mais je suis convaincue que les entraîneures et entraîneurs qui lisent cet article comprennent exactement ce dont je parle.

Après tout, le mot « coach » (entraîneur[e] en anglais) signifie aussi « automobile à deux portes et à quatre places », et ce n’est que vers 1830 qu’il a été utilisé pour la première fois en lien avec l’encadrement ou l’entraînement comme expression argotique pour désigner une tutrice ou un tuteur qui « guidait » une étudiante ou un étudiant pour lui permettre de réussir un examen. Le mot « coaching » (entraînement en anglais) désignait donc un processus qui consistait à guider les gens depuis un endroit vers une destination visée. Si l’on s’attarde au fait que la première automobile a été inventée en 1885, on réalise que le mot « coach » a en quelque sorte toujours eu un lien avec les chevaux et, par conséquent, les cavalières et cavaliers.

Q : Comment s’est déroulé votre parcours d’entraîneure jusqu’à présent?

R : J’ai toujours trempé dans l’enseignement et l’entraînement. Même enfant, j’adorais transmettre mes connaissances aux autres, et c’est encore le cas. J’ai vécu ma première expérience en tant qu’entraîneure à l’âge de 18 ans avec le ninjutsu, un art martial japonais. Je détiens également un baccalauréat et une licence en histoire. Cependant, pendant que je suivais le programme de sciences équestres du Olds College, j’ai commencé à enseigner les sports équestres et j’ai obtenu ma certification d’entraîneure du PNCE en anglais. J’ai eu le sentiment que mes deux passions étaient enfin réunies.

Je crois aussi que le volet réservé aux instructrices et instructeurs est sous-évalué. Ces personnes représentent l’essence même du sport. Elles forment celles et ceux qui souhaitent apprendre l’équitation et leur transmettent les connaissances qui constitueront la base de leur apprentissage. Les athlètes qui possèdent une base solide évoluent plus rapidement et commencent la compétition plus tôt, pour celles et ceux qui le souhaitent. Sans compter que l’évaluation des instructrices et instructeurs est perçue par de nombreux responsables du développement des entraîneures et entraîneurs comme l’évaluation de l’encadrement la plus difficile, tous volets confondus. Nous devons absolument commencer à valoriser les entraîneures et entraîneurs pour permettre à notre sport de continuer de croître et d’atteindre plus de gens.

Q : Avez-vous vécu un moment inoubliable en tant qu’entraîneure?

R : Je n’ai pas de moment particulier en tête, parce que chaque fois que je vois cette étincelle dans les yeux de mes élèves, je suis fascinée. Je me dis alors que je suis sur la bonne voie!

Q : Depuis combien de temps travaillez-vous pour l’Alberta Equestrian Federation?

R : Cela fera deux ans en août, et ce sont de loin les deux meilleures années de ma carrière! L’AEF est un OPTS axé sur la communauté qui partage sa passion pour l’industrie avec ses membres. Je suis vraiment fière de faire partie de cette équipe!

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En tant que gestionnaire du sport et des loisirs à Alberta Equestrian, Mme Fernandes est responsable des programmes d’entraînement. Elle anime l’un des programmes du PNCE intitulé « Gestion d’un programme sportif équestre », qui est un module d’apprentissage de la certification du PNCE pour les entraîneures et entraîneurs équestres.

Q : Comment décririez-vous votre expérience de travail en tant qu’entraîneure dans un OPTS?

R : J’estime que les possibilités sont infinies, non seulement pour aider nos instructrices et instructeurs ainsi que nos entraîneures et entraîneurs, mais aussi pour permettre à tous nos membres de s’exprimer. Les relations qu’on établit en écoutant les préoccupations et les suggestions des gens sur le terrain en sont un bon exemple, de même que les progrès que nous réalisons en vue d’améliorer le système de sport équestre au Canada. Qui plus est, j’ai le sentiment de donner une voix aux membres qui proviennent de milieux défavorisés et de les aider à améliorer leur qualité de vie grâce au sport.

Q : Selon vous, en quoi est-ce avantageux pour les OPTS d’offrir les programmes du PNCE?

R : Chaque organisme provincial et territorial de sport connaît sa communauté et ses membres. Nous connaissons notre environnement et nous prenons le temps de répondre à chacun des appels de nos membres. Par conséquent, j’ai l’impression que nous défendons les intérêts de nos instructrices et instructeurs, de nos entraîneures et entraîneurs, ainsi que nos athlètes et de leurs parents, afin d’assurer un environnement sécuritaire pour tout le monde. Ce n’est pas d’hier que les sujets de la vie active et de la santé mentale sont abordés dans le domaine du sport. Mais aujourd’hui, et principalement depuis la pandémie, nous avons plus d’outils à notre disposition et nous voulons nous assurer de pouvoir soutenir l’ensemble des membres de l’industrie. Je crois que ce contact direct avec les entraîneures et entraîneurs de même qu’avec les athlètes constitue la clé non seulement en ce qui a trait aux résultats de performance, mais aussi pour perpétuer l’héritage des sports équestres.

Q : À votre avis, quels sont les défis et les possibilités en matière d’entraînement équestre au Canada, tant à ce jour que dans le futur?

R : Je pense que les chevaux nous ont toujours guidés, et beaucoup plus qu’on le pense. Je crois que la communauté équestre perpétue une longue et belle tradition. Une grande partie du chemin a déjà été tracée, mais nous devons continuer d’y ajouter des lumières et des pancartes pour pouvoir continuer d’avancer. Ce que je veux dire par là, c’est que nous devons promouvoir la diversité et l’inclusion, non seulement pour les personnes 2ELGBTQIA+, mais aussi pour les Autochtones, les personnes en situation de handicap, les nouveaux arrivants, etc.

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Karina et Thaisy, son épouse, dans l’un de leurs endroits préférés : l’écurie.

Q : Croyez-vous que la communauté équestre se montre accueillante et inclusive envers les membres de la communauté 2ELGBTQI+? Comment les gens pourraient-ils améliorer leur soutien?

R : Je crois qu’il reste encore du chemin à faire. Le sport équestre est le seul sport où le genre des athlètes ne fait aucune différence. Les athlètes ne se font jamais demander leur genre lors de leur inscription à une compétition, car tout le monde participe aux mêmes compétitions. À l’heure actuelle, dans tous les autres sports, il est difficile de délaisser la catégorisation des équipes en fonction du sexe lors des compétitions. Cependant, notre avantage ne vient pas d’un processus de réflexion visant à assurer l’inclusion. Je crois que nous possédons tout le potentiel nécessaire pour devenir chef de file dans le milieu sportif mondial. Le Canada constitue un exemple international en matière de droits des personnes 2ELGBTQI+, mais je pense que ce potentiel est encore inexploré. J’espère que je serai en mesure de contribuer à tracer cette voie.

On rencontre encore beaucoup de résistance face à l’utilisation de pronoms, et il n’est pas rare d’entendre des blagues au sujet de l’abréviation 2ELGBTQI+. D’ailleurs, si les gens ne savent pas ce que signifie l’abréviation 2ELGBTQI+ et comment l’utiliser, c’est qu’ils ne soutiennent pas pleinement notre communauté. De plus, les pronoms ne visent pas à confronter ou à blesser qui que ce soit. Nous les utilisons pour deux raisons toutes simples : d’abord, nous identifier afin d’éviter toute supposition, puis démontrer ouvertement aux membres de la communauté 2ELGBTQI+ que nous sommes un milieu sûr.

Q : Y a-t-il autre chose que vous souhaiteriez mentionner?

R : J’ai eu la chance de recevoir l’amour de mes parents, indépendamment de ma perception de moi-même ou de mes décisions. Leur soutien a fait de moi une personne plus forte dans tous les volets de ma vie, dans ma carrière, à travers mes réussites et au sein de ma famille, et ce, même s’il ne s’agit pas d’une famille nucléaire. Mais ce n’est pas le cas de la plupart des gens de la communauté.

Je m’adresse aux parents : au plus profond de vous, vous savez si vos enfants font partie de la communauté 2ELGBTQI+. Acceptez-les sans essayer de les changer! Vos enfants ont besoin de votre soutien plus que tout.

Aux instructrices et instructeurs ainsi qu’aux entraîneures et entraîneurs : votre soutien peut faire une différence dans la vie des personnes 2ELGBTQI+. Beaucoup affirment ne pas savoir comment s’y prendre pour soutenir la communauté. Voici deux conseils simples :

  • Ne présumez jamais l’identité de genre de quelqu’un; utilisez des termes inclusifs comme « tout le monde » plutôt que « les hommes » et « les femmes »
  • Assurez-vous de créer un environnement sécuritaire et exempt d’intimidation et de blagues pour toutes et tous.

À celles et ceux qui ont encore de la difficulté à s’identifier : dites-vous qu’au plus profond de vous-mêmes, vous savez qui vous êtes. Chaque communauté compte des personnes 2ELGBTQI+. Nous sommes partout. Nous sommes une famille. Rejoignez-nous. Vous n’êtes pas seules ou seuls!

Je tiens à remercier mon épouse, Thaisy, qui m’a offert un soutien inconditionnel au cours des sept dernières années. Merci de livrer bataille à mes côtés!