Nous avons eu la chance de nous entretenir avec l’athlète canadien de dressage, directeur du développement des équidés à la Braeburn Farms, candidat à la certification d’entraîneur de haute performance et juge de CE, Justin Ridgewell, de Windsor en Ontario, à propos de son partenariat avec un cheval très spécial, la regrettée Jolene.
Vous avez fait vos premiers pas dans le monde équestre dans le cadre d’un emploi étudiant en tant que groom. Comment décririez-vous cette expérience, et la recommanderiez-vous? Croyez-vous qu’il s’agisse du type de parcours visé par la génération d’athlètes équestres de la relève?
J’ai fait mes débuts en 2004, lorsque l’athlète olympique canadienne Belinda Trussell m’a engagé dans le cadre d’un emploi étudiant. J’étais un jeune cavalier obnubilé par les chevaux qui rêvait de percer dans le domaine. Cette expérience a été révélatrice. J’ai eu la chance de voyager aux États-Unis et en Europe avec Belinda et les chevaux. J’imagine qu’il y a des exceptions à la règle dans tous les sports, mais je trouve qu’il y a beaucoup moins de « fanatiques d’écurie » de nos jours! Quand j’étais à l’école secondaire, je passais toutes mes journées dans l’écurie, du matin au soir. J’adorais passer du temps en compagnie des chevaux. Et cette expérience m’a aidé à développer un sentiment d’appartenance envers la communauté. Aujourd’hui, 20 ans plus tard, je suis encore ami avec des gens du secondaire que je côtoyais à l’écurie.
Quel est votre rôle actuel à la Braeburn Farms? Selon vous, qu’est-ce qui pourrait surprendre les gens à propos de l’exploitation d’un élevage?
Je travaille pour la Braeburn Farms à Collingwood, en Ontario, depuis près de 10 ans. En tant que directeur du développement des équidés, je gère pratiquement tous les aspects du département équestre. Mes responsabilités couvrent beaucoup d’éléments : gestion du personnel, gestion des équidés, rapports personnels. Je suis aussi le principal cavalier de la ferme. Je représente la propriétaire, Rosemary Phelan, lors de compétitions. Nous ne faisons pas beaucoup d’élevage en ce moment. Nos activités sont plutôt centrées sur le dressage, mais nous avons aussi des chevaux de chasse et faisons notre entrée dans le monde du poney. Je pense qu’une chose qui pourrait surprendre les gens, c’est qu’il y a quelques semaines, j’ai pris part à une compétition de poneys. Ce que je préfère dans mon travail, ce sont les relations que j’établis avec les chevaux. J’adore les chevaux de notre écurie, et je les traite tous comme s’ils étaient les miens. Je suis très fier de ce que la Braeburn Farms fait et représente.
Pouvez-vous nous en dire un peu plus sur Jolene? Elle a été achetée par Mme Braeburn, et est toujours demeurée sa propriété? Était-elle votre cheval coup de cœur?
Jolene était TRÈS spéciale à mes yeux! Son décès en juin dernier a été terrible pour moi, pour mon équipe et pour toutes les personnes qui la connaissaient. C’était un cheval si doux et aimant. Jolene aimait être au centre de l’attention, et elle le démontrait clairement. Grâce à elle, j’ai pu vivre des expériences exceptionnelles, comme de m’entraîner avec Charlotte Dujardin et Monica Theodorescu, ou de participer au concours Dressage au Devon.
Vous avez commencé les concours avec Jolene lorsqu’elle avait 7 ans, alors vous avez passé cinq années à ses côtés. Qu’est-ce qui la rendait spéciale? Que vous a-t-elle appris? Parlez-nous de vos meilleurs moments avec elle.
Oui, je dirais que Jolene m’a aidé à faire ma marque. Elle était très intelligente et faisait de son mieux pour nous. Elle semblait toujours en train de réfléchir et d’analyser chaque parcours. Le matin, elle sortait de l’écurie comme si elle avait passé la nuit à réfléchir à ce qu’on lui avait enseigné la veille! À son arrivée avec nous, elle m’a accompagné à des compétitions de troisième niveau, avant d’évoluer vers les niveaux supérieurs. Nous travaillions à former des champions pour le Prix Saint-Georges à Wellington, en Floride, dans le cadre du concours national de White Fences. Comme je l’ai déjà mentionné, j’ai eu la chance de rencontrer la grande Charlotte Dujardin, d’Angleterre, et l’entraîneure de l’équipe nationale allemande, Monica Theodorescu. C’est une occasion en or pour un jeune qui vient de Windsor, en Ontario.
Comment était Jolene à la maison? Et lors des compétitions? Avait-elle des gâteries préférées ou des habitudes un peu bizarres?
Jolene était la préférée de tout le monde! L’équipe de l’écurie l’aimait, les gens qui la rencontraient dans les compétitions l’aimaient, les petits-enfants de Rosemary l’aimaient. Ce n’était pas difficile d’aimer Jolene. Elle était tellement gentille, et elle cherchait toujours à attirer l’attention. Elle adorait les bananes.
Est-ce que vous vous entraîniez pour atteindre un objectif précis? Quelle est la prochaine étape pour vous en tant que cavalier? Quand serez-vous prêt à partir à la recherche d’un nouveau partenaire?
Jolene avait passé les quatre derniers mois en Floride avec mon entraîneure Shannon Dueck. Cette dernière nous aidait dans les démarches pour faire venir Jolene au Grand Prix. J’ai réussi à satisfaire aux critères afin de déclarer mon intérêt avec Jolene pour les Jeux panaméricains de 2023, un objectif que je visais depuis son arrivée au Canada à l’âge de 7 ans. En tant que jeune athlète, j’ai toujours eu les Jeux olympiques en tête, et Jolene avait assurément le talent pour le Grand Prix. Présentement, j’ai trois autres chevaux avec lesquels je participe aux compétitions pour le compte de Mme Braeburn, dont deux que j’ai récemment montés lors du Prix Saint-Georges. À l’automne, Mme Braeburn a acheté un magnifique hongre hanovrien noir de 18 mains, de la lignée de Ampere. Il a 8 ans et s’appelle Alchemist (Hermes de son nom d’écurie). Ce cheval aussi est très spécial, et j’ai des objectifs en tête pour lui. Je participe à des concours de quatrième niveau avec lui.
Entraînez-vous beaucoup d’athlètes en ce moment?
Pour cet été, j’ai pris la décision de me concentrer sur mes chevaux, mon équipe et mes relations, alors oui, j’exerce les fonctions d’entraîneur, mais je travaille surtout à me perfectionner en tant que cavalier. Je suis également candidat à la certification d’entraîneur de haute performance. J’ai presque atteint toutes les exigences à cet égard.
Nous savons que vous êtes aussi juge de dressage! Comment faites-vous pour ajouter cela à votre horaire?
Je suis actuellement juge de dressage Senior de CE. Et probablement le plus jeune au Canada à détenir ce statut. L’été dernier, mes rôles de juge et d’athlète compétitif m’ont tenu très occupé, alors cet été, je ne prends pas beaucoup de contrats en tant que juge.
Qu’est-ce qui vous plaît en tant que juge? Dans quelles compétitions avez-vous exercé vos fonctions?
Juger permet de comprendre ce que c’est que d’être assis de l’autre côté de la carrière. Je pense que toute personne qui participe à des concours devrait exercer les fonctions de juge à un moment ou un autre de sa carrière. L’été dernier, on m’a demandé d’être juge pour les Eastern and Western Ontario Silver Championships ainsi que pour les Saskatchewan regional Championships. Auparavant, j’avais endossé le rôle de juge lors des Ontario Eventing Championships.
Quelle est la prochaine étape pour vous?
Je rentre tout juste de Paris, en France, où je suis allé rendre visite à ma belle-famille. Je vais maintenant consacrer ma saison à participer à des concours canadiens avec mes chevaux, en plus de terminer le Programme de certification des entraîneur(e)s de haute performance, de continuer de travailler sur le programme Equine Business Management (gestion des affaires équines) de l’Université de Guelph, et de passer du temps avec mon petit neveu Rylan.