En tant que Canadienne d’origine somalienne de première génération, Sara Ali a grandi à la fois aux Émirats arabes unis (EAU) et au Canada, ce qui lui a offert une perspective unique sur le monde en plus d’influencer grandement son parcours de vie.
Mme Ali a d’abord obtenu un baccalauréat spécialisé en études du développement social de l’Université de Waterloo avec spécialisation en politique sociale et action sociale, puis une maîtrise en sciences politiques avec spécialisation en études africaines de l’Université Carleton. C’est à l’époque où elle fréquentait l’Université Carleton qu’elle s’est intéressée à l’exclusion et à la déshumanisation, pour ensuite se tourner vers la diversité, l’équité et l’inclusion.
Celle qui poursuit actuellement des études doctorales en criminologie et en études sociojuridiques à l’Université de Toronto s’intéresse à la façon dont la diversité, l’équité et l’inclusion peuvent créer des changements positifs dans le monde. Bien que son expérience de travail dans l’industrie du sport soit assez récente, elle s’est toujours intéressée au sport en plus de baigner dans ce milieu.
Pouvez-vous expliquer en quoi consiste votre rôle de consultante pour CE? Quels objectifs devez-vous atteindre?
Mon travail actuel consiste à aider CE à atteindre ses objectifs en matière de diversité, d’équité et d’inclusion. Selon mon expérience, je constate que CE a fait des efforts pour comprendre comment intégrer la diversité, l’équité et l’inclusion au sein de l’organisation, et j’ai très hâte de voir ce qui en ressortira. L’objectif, à court et à long terme, est de trouver des façons d’améliorer l’expérience des adeptes du sport, mais aussi d’élargir la portée et l’accessibilité du sport et des activités équestres au Canada.
Qu’est-ce qui vous attire dans le sport équestre?
J’ai toujours aimé les animaux et j’ai toujours été fascinée par le lien que les humains entretiennent avec eux. Chaque fois que j’en ai l’occasion, je fais des randonnées à cheval et c’est toujours une merveilleuse expérience. Explorer le monde en compagnie de chevaux crée un sentiment de calme très libérateur.
Qu’évoque le Mois de la Fierté pour vous?
La Fierté a eu différentes significations pour moi à différents moments de ma vie, et je pense que c’est aussi le cas de la Fierté en général. Le mouvement de la Fierté a pris naissance en 1969 pour commémorer la résistance à la brutalité policière après les événements du Stonewall Inn à New York. Je crois que la teneur politique du mouvement s’est amoindrie au fil des ans, car il est devenu plus conventionnel.
Par exemple, en 2016, l’organisme Black Lives Matter a interrompu le défilé de la Fierté de Toronto et les ripostes soulevaient que les problèmes des personnes noires et autochtones sont en quelque sorte distincts de ceux des personnes de la communauté LGBTQIA2S+, ce qui est malheureux, compte tenu de l’allégeance politique de la Fierté. Abstraction faite de la politique, le mois de la Fierté revêt une importance particulière, et j’en ai pris conscience la fin de semaine dernière, lors du défilé de la Fierté de Toronto.
La Fierté, c’est tout le contraire de la honte, une émotion que beaucoup de personnes LGBTQIA2S+ connaissent malheureusement trop bien. La Fierté nous offre chaque année l’occasion de voir des gens comme nous célébrer leur existence sans complexe, et pour ma part, ça me donne le courage d’essayer de faire de même. J’adore voir l’émotion dans les yeux de celles et ceux qui, jusqu’à la fin de semaine du défilé de la Fierté, se sentaient peut-être seules et seuls. Comme lors de toute célébration, cela peut parfois être difficile pour les personnes qui n’ont pas le soutien de leur communauté.
Nous avons récemment observé une recrudescence de la haine à l’endroit de la communauté LGBTQIA2S+ et de ses membres, et c’est particulièrement le cas à ce temps-ci de l’année. Certains individus sont troublés par la célébration sans complexe de personnes dont ils jugent l’existence inacceptable. Je crois que les gens essaient parfois d’avoir raison à tout prix, et qu’ils oublient que les autres sont aussi des personnes à part entière et que nous sommes toutes et tous empreints d’humanité.
Tout le monde entretient des espoirs et des rêves, et nous éprouvons toutes et tous de la douleur, des peurs ainsi que le désir de nous sentir accepté(e)s. L’inclusion, l’acceptation et le soutien sont essentiels, et personne ne mérite de subir du rejet ou de ressentir la peur en raison de son identité.
Selon vous, la communauté LGBTQIA2S+ est-elle bien représentée dans le monde équestre?
L’une des choses que j’ai vraiment appréciées dans le cadre de mon travail à CE, c’est que j’ai eu l’occasion d’en apprendre davantage sur le sport et la culture équestres. J’ai réalisé que même si les hommes gais sont représentés dans le sport équestre, il semble y avoir peu de lesbiennes ou de transgenres (qui s’affichent ouvertement) qui pratiquent l’équitation professionnelle.
Cette hypothèse nécessiterait toutefois que l’on s’y attarde davantage. Cependant, les différences de revenu médian entre les groupes de population pourraient jouer un rôle étant donné que les hommes gais ont un revenu médian plus élevé que les femmes lesbiennes et les personnes qui s’identifient comme transgenres et/ou non binaires.
Au moment d’aborder les questions d’accessibilité et d’inclusion dans le sport, il est important de tenir compte de l’accessibilité financière, particulièrement pour tout ce qui va au-delà de la participation au niveau amateur.
Conclusion
CE souhaite continuer d’établir des partenariats avec des personnes et des groupes détenant une expérience et une expertise comme Mme Ali, et il poursuit son parcours d’apprentissage et de compréhension afin d’instaurer au Canada un environnement sportif équestre plus inclusif, diversifié et équitable. CE se réjouit à l’idée de continuer à travailler avec Mme Ali et d’autres personnes, en plus d’élaborer un plan d’action plus étoffé pour apporter des changements concrets et favoriser une représentation plus diversifiée dans le sport.