Le chemin que la meneuse canadienne Kelly Houtappels-Bruder a suivi dans sa quête du podium est tout à fait semblable à celui d’autres athlètes de haute performance : une progression rigoureusement planifiée appuyée par d’innombrables heures d’entrainement, de travail exigeant et de sacrifices. Mais la médaille qu’elle a gagnée au Championnat du monde FEI d’attelage à un cheval, présenté du 21 au 26 octobre, prouve que l’outil le plus précieux de l’arsenal d’une athlète est le plaisir qu’elle retire de son sport.
Le site du concours étant situé à Pau, en France, Kelly avait devant elle 1200 km depuis Steensel, aux Pays-Bas, où elle habite. Bien sûr, il a fallu faire escale pour une nuit, mais cela n’a nullement perturbé son fidèle partenaire, Flip (Fidertanz x Carprilli), un cheval qui lui appartient en copropriété avec son mari, Frank Houtappels.
Flip, le partenaire de l’athlète canadienne Kelly Houtappels-Bruder, se montre très calme après un long trajet de Steensel (Pays-Bas) à Pau (France), où se déroulait, du 21 au 26 octobre, le Championnat du monde FEI d’attelage à un cheval.
Source : Permis de publier de Kelly Houtappels-Bruder
« Flip voyage très bien. Le premier soir, il est sorti de la remorque en forme et heureux », indique la meneuse au sujet de son Oldenburg de 12 ans. « Arrivé à Pau, il s’est mis à manger calmement. Le site de Pau était super et l’on a tout de suite ressenti l’énergie d’un vrai championnat du monde. »
A cette ambiance déjà bourdonnante, il fallait ajouter celle du concours complet CCI 5* L Les Étoiles de Pau, qui était présenté en parallèle. « Ces deux sports vont très bien ensemble, estime-t-elle. C’était génial de voir les athlètes des deux camps s’encourager à tour de rôle. Il y avait une vaste piste d’entrainement derrière le terrain de concours. Chaque matin, on se réveillait au son des galops des purs-sangs. Et tout cela avec les Pyrénées en toile de fond. »
Toutefois, même le décor enchanteur et le tourbillon des activités non pas d’une seule mais de deux épreuves équestres majeures, n’ont pas distrait les gens de leurs préoccupations face à la pandémie de la COVID-19.
« Cette pandémie a malheureusement eu une incidence sur la compétition. Nous étions là sans nos amis américains et autrichiens et le fait de ne pas socialiser avec eux était très étrange. Ce sont ces rencontres qui rendent un championnat si spécial à nos yeux », a indiqué Kelly qui connait beaucoup de meneurs et meneuses d’attelage à un cheval et qui s’entraine souvent auprès de ses camarades hollandais. « Les organisateurs ont travaillé très fort au maintien de la sécurité. Les masques et la distanciation sociale étaient de rigueur, les installations sanitaires étaient impeccables et le nombre de spectateurs était considérablement inférieur, bien que les participants évoluaient dans des zones totalement séparées du public. Les organisateurs avaient également prévu de nous faire passer le test de dépistage de la COVID-19 avant notre départ, ce qui a été très apprécié. »
« Le port du masque de sécurité n’a pas empêché Kelly et son équipe de soutien de faire preuve de leur fierté canadienne sur le site de concours.
De g. à d. : Meike Paridaans, Dre Maud Smedts, Kelly et Corine Dorrepaal (devant)
Source : Permis de publier de Kelly Houtappels-Bruder
Rassurée par les mesures de sécurité en place, Kelly se prépare à prendre part à son troisième championnat aux commandes de Flip. Mais elle est d’abord et avant tout bien déterminée à se détendre et en savourer tous les instants.
Au sujet des championnats auxquels elle avait participé dans le passé avec Flip, Kelly mentionne qu’en 2015, lors de son tout premier championnat du monde, à Piber Köflach en Autriche, elle était très étonnée d’arriver septième. « Personne ne s’y attendait, moi y compris! En 2018, puisque nous étions constamment parmi les trois premiers partout dans le monde, je m’attendais à de tels résultats à Kronenberg. Je me suis mise tellement de pression que j’ai passé une semaine infernale. Je n’ai eu aucun plaisir. Par la suite, j’ai réalisé mon erreur. »
Déterminée à ne pas répéter les erreurs du passé, Kelly est tout au plaisir de l’instant présent lorsqu’elle entre dans la carrière de dressage avec ses deux complices : son cheval Flip et sa groom Meike Paridaans, au poste de navigatrice. Le fait d’être aussi positive porte fruit : elle réalise une brillante reprise qui lui vaut la troisième place assortie d’une note de 45,89 points, ce qui laisse entrevoir la possibilité de terminer sur le podium.
« Lorsque j’ai fait l’acquisition de Flip, il était une vraie calamité en dressage. Il projetait ses quatre membres dans quatre directions différentes, dit-elle en riant. Le fait d’avoir exécuté la troisième meilleure reprise témoigne bien de tout le travail accompli en cinq ans d’entrainement, ainsi que de la formidable force de caractère de ce cheval. Avec une conformation qui est essentiellement à l’opposé de ce qui est souhaitable pour un cheval d’attelage, Flip a réussi à s’élever au rang des athlètes équins internationaux. C’est une question de force de caractère. Flip est un bourreau de travail qui ne refuse jamais l’effort. »
Bien que la conformation de Flip ne corresponde pas au cheval d’attelage modèle, son caractère de haut calibre lui a ouvert les portes de trois championnats.
Source : Krisztina Horváth/Hoefnet.com
Après avoir livré une prestation supérieure à toute attente dans la phase de dressage, Kelly était confiante que Flip soit épatant lors du marathon, puisqu’il brille par sa rapidité, sa maniabilité et son endurance durant cette phase. « Je suis rarement nerveuse avant un marathon car je sais à quoi m’attendre, commente-t-elle. Après avoir étudié mon parcours dans ses moindres détails, il ne me reste plus qu’à éviter de commettre des erreurs. »
Le marathon de ce championnat était constitué de huit obstacles imposants disposés sur près de 12 km, et de deux sections, une en forêt et une sur le site du complexe. Kelly et Flip ont relevé le défi de main de maître et ajouté 88,43 points à leur résultat, pour remonter à la deuxième position du classement provisoire.
Kelly et Flip ont affirmé leur supériorité durant le parcours de marathon.
Source : Krisztina Horváth/Hoefnet.com
« Compte tenu de la saison en dents de scie que nous avons vécue avant le championnat, il s’agissait du premier marathon complet pour la plupart des chevaux puisque les compétitions n’offraient que six ou sept obstacles avec un échauffement au lieu de la Section A (à travers la forêt), explique Kelly. C’était un réel avantage pour Flip car plus le marathon est difficile, plus il excelle. »
Après avoir été impeccables lors de la phase de maniabilité dont la limite était de 4,68 points, la médaille d’argent était acquise pour Kelly et Flip qui ont terminé avec un résultat de 139,00 points. La cérémonie de remise des prix s’est faite sous les acclamations des partisans canadiens qui tenaient à revenir à la carrière malgré la pluie, le froid, les moments d’attente et l’agitation fébrile de Flip, très fringuant malgré les efforts qu’il venait de déployer dans le cadre de la compétition, ce qui a presque empêché Kelly de se rendre compte de ce qui se déroulait autour d’eux.
« J’étais si occupée à retenir mon cheval d’exploser que j’avais du mal à porter attention à la médaille que l’on me remettait ! », dit-elle en riant.
L’équipe canadienne assistait à la cérémonie de remise de prix.
Source : ©S. Bailly/Centaure Production
Peu de temps après, la petite troupe pliait bagages pour faire le trajet en sens inverse. Flip a bénéficié de quelques jours de repos avant de faire quelques randonnées et un peu de dressage pour se remettre en forme après le programme bien rempli de la semaine précédente. Durant l’hiver, Kelly, qui occupe le deuxième rang au classement mondial FEI des meneurs en solo, se préparera pour atteindre son nouvel objectif avec Flip – la médaille d’or au Championnat du monde du Haras du Pin en 2021.
Kelly et Flip prennent le temps de profiter de leur succès avant de se concentrer sur le Championnat de 2021.
Source : Permis de publier de Kelly Houtappels-Bruder
En repensant à ses expériences antérieures à la médaille d’argent, Kelly confie qu’elle n’est pas une compétitrice dans l’âme. « J’aime mieux pratiquer mon sport chez moi qu’en concours. J’étais bien préparée pour la compétition de 2020 : je devais accomplir un travail sans faille, et par-dessus tout, avoir du plaisir, car il n’y a rien de plus agréable au monde que de travailler chaque jour en relation avec ces extraordinaires créatures. Je pense que cette nouvelle approche a été fructueuse! »
Revivez la performance magistrale de Kelly et Flip au Championnat du monde FEI 2020 d’attelage à un cheval en cliquant ici :