Au Canada, beaucoup de travail a été accompli depuis les 40 dernières années afin de rendre les milieux sportifs plus sécuritaires et plus inclusifs. Au cours de la dernière vague de progrès, Canada Équestre (CE) a mis l’accent sur l’éducation et sur l’harmonisation de la réglementation avec d’autres organisations nationales et internationales de sport.

Dans le cadre d’une discussion avec James Hood, le directeur, haute performance de CE, nous avons abordé les mouvements d’inclusion d’un point de vue historique et actuel ainsi que les processus de plaintes disciplinaires, la prévention des abus sexuels, et les actions prises par CE en vue d’appuyer les changements.

Monsieur Hood, qui a consacré l’ensemble de sa carrière au milieu sportif canadien, a d’abord expliqué les changements survenus au début des années 1990, une période qui a vu l’avancée du mouvement en faveur de l’inclusion des athlètes aux prises avec une incapacité au sein de plusieurs organismes nationaux de sport (ONS) en vue de permettre l’accès à la pratique d’un sport à davantage de Canadiens et Canadiennes. Ce mouvement s’est poursuivi au cours des 30 dernières années alors que les possibilités se sont multipliées pour les athlètes ayant une incapacité dans la plupart des organisations nationales de sport.

Le travail sur l’inclusion s’est intégré à un mouvement sportif plus vaste qui a entrepris l’élaboration de programmes destinés à l’avancement des femmes et des filles dans le sport canadien, Le sport c’est pour la vie. Ce travail vise à bâtir une population canadienne plus active ainsi que des programmes basés sur les principes de croissance et de développement. Il appuie également la philosophie de l’esprit sportif et du sport pour tous. Le Gouvernement du Canada a également commencé à adapter son soutien financier aux besoins d’un système sportif plus vaste.

« On a commencé à examiner la façon de remanier la culture du sport afin de créer des environnements sécuritaires pour tous. Il y a eu le début d’un engagement envers le sport sécuritaire dans les communautés et les personnes ont pu d’adhérer au mouvement de l’esprit sportif », a dit M. Hood, en expliquant que tous ces mouvements ont commencé à s’appuyer les uns sur les autres.

Le mouvement qui continue de croître aujourd’hui a entraîné des changements dans la dynamique d’entraînement, y compris le travail de l’Association canadienne des entraîneurs (ACE) et des organismes provinciaux et territoriaux de sport (OPTS). Il a ouvert la voie au développement et à l’éducation appropriés des entraîneurs et entraîneures, mais aussi à des changements sociétaux favorisant des milieux sportifs sécuritaires.

Ce qui était perçu comme étant acceptable ou raisonnable dans les vingt dernières années ne l’était plus aujourd’hui. Il était devenu évident qu’un changement s’imposait. « À CE, nous avons déployé des efforts en vue d’éduquer notre communauté, a déclaré M. Hood. Dorénavant, tous les titulaires de licence sportive doivent réussir, sur le ECampus, les formations Favoriser des environnements équestres sécuritaires et Sensibilisation aux commotions cérébrales de CE. De plus, toutes les personnes qui détiennent un statut d’entraîneur doivent faire l’objet d’une vérification des antécédents. Il peut s’agir, selon la situation, d’une vérification des antécédents judiciaires ou d’une vérification des antécédents en vue d’un travail auprès de personnes vulnérables. » Et ce n’est qu’un début.

Le travail n’est pas réalisé uniquement par des ONS comme CE, mais aussi par l’ensemble du système sportif canadien, ainsi que par l’entremise d’importants changements dans les programmes des gouvernements fédéral et provinciaux qui fournissent un réseau de soutien aux ONS. La ministre des Sports, Pascale St-Onge, travaille actuellement à faire progresser le système de façon à créer un environnement sportif plus sécuritaire pour l’ensemble de la population canadienne. Le nouveau Bureau du Commissaire à l’intégrité dans le sport du Canada, le Code de conduite universel pour prévenir et contrer la maltraitance dans le sport et la formation sur la Règle de deux ont tous pour but de fournir clairement des lignes directrices, des codes de conduite et de comportement, et une procédure d’enquête et de conformité.

Sport Canada exige maintenant que chaque ONS ait recours à une tierce partie indépendante pour statuer sur les plaintes et les allégations d’inconduite. Cette structure offre un contexte plus sécuritaire à toute personne qui souhaite se manifester et exprimer ses préoccupations, afin qu’elles soient traitées de façon juste et objective dans le cadre d’un processus indépendant des plaintes.

La plupart des organisations ont également adopté une politique de dénonciation afin de protéger les personnes qui dénoncent des actes répréhensibles et de contribuer à ce que les victimes se sentent à l’aise et soutenues, et qu’elles n’aient plus à craindre un manque d’objectivité. De nombreux enjeux à cet égard sont survenus dans le milieu du sport. « Il y a des cas d’abus dans tous les secteurs de la société. Nous aurions tort de croire que cela ne touche pas notre sport. Nous devons nous retrousser les manches afin d’améliorer notre sport, car nos participants sont de tous âges et il y a beaucoup de conséquences au niveau du pouvoir et de la sécurité », a ajouté M. Hood. « Notre communauté équestre n’est pas une exception. Nous avons la responsabilité de nous assurer que l’on bâtit un environnement sportif adéquat. Nous devons le rendre plus sécuritaire et faire en sorte que les gens puissent dénoncer leurs expériences en toute sécurité. »

« Dans le cadre de mes fonctions de directeur, haute performance, j’ai travaillé avec nos mécanismes de sport sécuritaire. Je continue d’ailleurs de soutenir les changements systémiques en collaboration avec notre nouvelle coordonnatrice, ERDI (équité raciale, diversité et inclusion), Laurie Ehrman, ainsi que notre directrice, opérations sportives, Rachel Huebert. Nous communiquons tous avec notre fournisseur tiers lorsque nécessaire. Nous savons qu’il y a encore beaucoup d’éducation et de travail à faire », a déclaré M. Hood.

La tierce partie indépendante, Brian Ward, de W&W Dispute Resolution Services Inc., contribue à soutenir l’engagement de CE envers le mouvement canadien du sport sécuritaire en fournissant à CE et à la communauté équestre des services spécialisés et objectifs en matière de traitement des plaintes. M. Ward est responsable de trois secteurs principaux, soit les plaintes, les mesures disciplinaires et les appels. Toutes les composantes sont importantes à examiner d’un point de vue impartial, et les exigences du processus sont respectées avec précision.

« Depuis peu, nous observons un plus grand recours aux formulaires de plainte », a souligné M. Hood. « Nous avons constaté une légère hausse du nombre de plaintes déclarées, et nous voyons cela d’un bon œil. Le fait de disposer d’un mécanisme clair dans lequel les gens se sentent à l’aise de déposer une plainte ainsi que d’un processus de tierce partie fonctionnel signifie que nos efforts d’éducation portent leurs fruits et que la communauté fait davantage confiance au système. Le changement s’opère. »

Bien que l’objectif principal soit de protéger les athlètes, il importe de préciser pourquoi les décisions sont prises et d’expliquer comment le personnel ainsi que les entraîneurs et entraîneures interagissent avec les athlètes. Le Règle de deux, une nouvelle formation gratuite sur le sport sécuritaire offert sur le ECampus de CE, explique les concepts d’environnements ouverts et observables du mouvement Entraînement responsable dans le cadre d’interactions avec des athlètes de n’importe quel niveau.

« Selon la Règle de deux, tout moment ou rencontre passés en individuel avec un athlète doit se faire dans un environnement public ou ouvert, visible de tous, afin d’assurer la sécurité et de protéger les droits de chacun et chacune, a déclaré M. Hood. Les athlètes doivent comprendre que nous devons toujours être trois dans les réunions, de même que les raisons pour lesquelles nous ne pouvons pas nous réunir dans un endroit clos. »

Comme plusieurs athlètes du Canada participent à des compétitions aux États-Unis sur une base régulière, il est également important que nous nous assurions d’une certaine réciprocité avec la United States Equestrian Federation (USEF). La USEF possède un programme semblable en matière de sport sécuritaire qui comporte des exigences en lien avec les compétitions de niveau national. « L’accord de CE avec la USEF nous permet de reconnaître leurs mesures et sanctions disciplinaires et d’y recourir », a indiqué M. Hood.

« Certains éléments de la réglementation de la fédération internationale (FEI) exigent la reconnaissance de sanctions, a-t-il poursuivi. En tant que fédération nationale, nous pouvons communiquer avec la FEI, lorsqu’une sanction est émise, afin de vérifier si elle s’inscrit dans leur mandat. Nous ne nous prononçons pas sur les responsabilités commerciales, comme la vente de chevaux, mais s’il y a un cas d’abus, de harcèlement ou d’intimidation, l’inconduite est prise en charge par le système. »

Ce qui rend notre sport unique, bien sûr, c’est que nous avons à la fois des athlètes humains et équins. CE continue de travailler de concert avec le gouvernement et le secteur agricole à l’éducation et à la défense des intérêts dans les domaines de la biosécurité, du bien-être et de l’abus des chevaux. Un nouveau code de conduite en matière de bien-être des chevaux sera publié sous peu, et des cours sur la manipulation des équidés, la propriété, la biosécurité et les soins de base des chevaux continuent d’être élaborés et offerts dans le ECampus.

La compétence de CE en matière d’inconduite et de prévention des abus revient à ceux et celles qui interagissent avec CE, y compris le personnel, les bénévoles, les entraîneurs et entraîneures, les athlètes, les chevaux, les titulaires de licence sportive et les officiels et officielles.

« Tout ce sur quoi nous travaillons dans le contexte du sport sécuritaire est dans l’intérêt de tous les membres de la communauté équestre, a déclaré M. Hood. Ces composantes s’inscrivent dans le cadre de la création d’un environnement sécuritaire tant pour les humains que pour les chevaux. Nous avons fait d’énormes progrès dans ce pays, mais nous avons encore beaucoup de chemin à faire pour créer un environnement permettant à tous les Canadiens et Canadiennes de participer en toute sécurité. »

Si vous avez d’autres questions sur les pratiques de notre DHP en matière de sport sécuritaire, James Hood, veuillez communiquer avec lui en cliquant ici