Ce mois-ci, afin d’encenser le personnel d’entraînement, nous avons rejoint Ruth Allum, une entraîneure haute performance 1 certifiée CE en concours complet. Mme Allum agit également à titre de personne-ressource pour le Programme national de certification des entraîneurs (PNCE), d’évaluatrice d’entraîneurs du PNCE et de formatrice de responsables du développement des entraîneurs du PNCE.
Elle est également entraîneure en chef et entraîneure pour la ferme Oakhurst à Ashton, en Ontario. En tant qu’entraîneure, Mme Allum s’engage à assurer une préparation physique et mentale complète, tant chez l’athlète que le cheval. Ayant elle-même déjà participé à des concours complets de niveau Préliminaire, elle combine son expérience concrète à sa formation officielle en tant qu’entraîneure certifiée de CE pour permettre, depuis plus de 20 ans, à des étudiants et étudiantes de niveau débutant de progresser jusqu’aux concours internationaux.
Qu’est-ce qui vous a donné envie de devenir entraîneure?
Lorsque j’étais étudiante, je ne savais pas vraiment que « l’entraînement » constituait un véritable choix de carrière. Bien sûr, je savais bien que certaines personnes donnaient des cours d’équitation, mais lorsque j’ai commencé à envisager l’entraînement comme une profession, cela a vraiment changé la donne pour moi. J’ai commencé par suivre le cours Equestrian Coaching Theory (théorie de l’entraînement équestre) et j’ai immédiatement été frappée par l’idée que je pouvais contribuer à guider les gens dans leur parcours avec leur cheval. Dans les faits, il existait toutes sortes de formations pour m’enseigner comment entraîner!
La formation Élaboration d’un programme sportif m’a permis d’apprendre à construire des plans annuels d’entraînement plus élaborés, performants et diversifiés. Et pas seulement sur un tableau Bristol! Lors de la formation Gestion d’un programme sportif, j’ai appris à créer un environnement d’équipe inclusif, à mieux communiquer avec mes athlètes et à gérer le volet commercial de mon sport. Évidemment, j’ai aussi commencé à jeter un coup d’œil de l’autre côté de la clôture; à la formation multisports. L’entraînement, c’est l’entraînement, non? TOUT À FAIT! C’est lorsque j’ai commencé à comprendre le rôle incroyable que peut jouer un entraîneur ou une entraîneure dans la vie d’un ou une athlète que j’ai décidé de saisir toutes les occasions de formations possibles, que ce soit dans notre sport ou dans un autre sport. Mes athlètes en valent la peine. Mon rôle ne se résume pas à donner des cours d’équitation. Je suis une partenaire dans le parcours des athlètes, ce qui est beaucoup plus gratifiant.
Y a-t-il une ou un entraîneur qui a marqué votre carrière en tant que cavalière?
J’ai eu la chance d’avoir quelques entraîneures et entraîneurs très spéciaux dans mon propre parcours vers la compétition. Celui qui a eu la plus grande influence sur moi est Jeff McKessock qui, comme par hasard, est propriétaire et gestionnaire d’un centre équestre situé à 2 kilomètres du mien. Jeff m’a vraiment poussée à réfléchir comme une cavalière. Le fait de comprendre pourquoi nous faisions certaines choses et comment elles auraient une incidence sur notre rendement constituait la pierre angulaire de chaque séance d’entraînement. Je me souviens que Jeff nous a soigneusement expliqué notre tout premier plan annuel d’entraînement sur ce qui, à l’époque, semblait être la plus grande feuille de tableau Bristol de l’histoire. J’étais si enthousiaste de pouvoir participer à la discussion à propos de ce qu’il me fallait travailler, quand et pourquoi. Il n’était pas seulement question des cours d’équitation, mais bien du parcours que nous avions entrepris avec notre cheval, et Jeff était là pour nous guider. Il nous encourageait à poser des questions et à analyser ce qui se passait. Tout cela m’a certainement aidée à jouer certains des rôles que j’occupe aujourd’hui en tant qu’entraîneure.
Quel est le volet que vous préférez dans l’entraînement?
Pour ma part, le meilleur moment de l’entraînement, c’est de voir un cheval ou un athlète comprendre pourquoi ils ou elles font quelque chose, et ainsi atteindre le résultat escompté. Quand un ou une athlète remporte une médaille aux Championnats nord-américains jeunesse ou qu’il ou elle sillonne son premier parcours de cross-country au petit galop, le sentiment de réussite que je ressens pour avoir contribué à ce moment me procure une joie absolue.
Qu’est-ce qui distingue l’entraînement équestre de l’entraînement d’autres sports?
Excellente question. Les événements d’entraînement multisports me rappellent toujours que l’entraînement, c’est l’entraînement. Bien sûr, nous avons tous et toutes nos propres nuances. Par exemple, même si je nettoie encore les stalles, je n’ai jamais vu un entraîneur ou une entraîneure de natation nettoyer la piscine. Mais, essentiellement, les entraîneurs et entraîneures sont des personnes qui contribuent à favoriser l’apprentissage de leurs athlètes.
L’entraînement est à la fois une science et un art, en ce sens que nous devons capter de façon holistique tous les aspects de l’esprit, du corps et de la volonté d’un ou une athlète afin de l’orienter vers un résultat. La seule grande différence réside dans le fait que l’un de mes athlètes, le cheval, non seulement parle une autre langue, mais présente aussi des réactions innées à la stimulation qui sont différentes des nôtres. Aider le cavalier ou la cavalière à traduire ce langage fait partie intégrante de notre art.
Le sport et l’industrie ont tendance à créer des remous dans l’entraînement équestre. Je suis très chanceuse d’avoir d’extraordinaires partenaires d’affaires qui s’occupent du côté clientèle de l’entreprise, ce qui me permet de me concentrer véritablement sur l’athlète.
Pourquoi vous êtes-vous impliquée dans le développement du personnel d’entraînement?
C’est comme lorsqu’on voit un cavalier ou une cavalière vivre ce moment de révélation quand il ou elle comprend quelque chose qu’il ou elle ou cherchait à comprendre. Quand je vois les entraîneurs et entraîneures comprendre l’influence positive qu’ils ou elles peuvent avoir dans leur propre travail en rendant leur programme aussi solide que possible, c’est un vrai plaisir. J’adore assister à un bon entraînement, autant que j’aime le diriger. Chaque cours que j’anime et chaque entraîneur ou entraîneure que j’évalue représentent pour moi une occasion d’apprentissage. Je termine ma journée en tant que meilleure entraîneure pour mes propres élèves!
Comment envisagez-vous l’évolution de l’entraînement équestre?
J’aimerais beaucoup que les entraîneurs et entraîneures adoptent les formations existantes, que ce soit celles offertes dans notre sport ou dans un autre sport. La qualité du personnel d’entraînement est directement liée à la qualité des athlètes, voire du sport. Lorsque le personnel d’entraînement équestre ira au-delà de l’enseignement d’un cours d’équitation uniquement dans le manège et adoptera l’idée de contribuer à guider le parcours de nos athlètes en leur permettant de participer à « ce qu’il faut travailler, quand et pourquoi », alors nous aurons vraiment accompli quelque chose. La personne qui agissait à titre de conseillère en orientation quand j’étais en 12e année m’a encouragée à entreprendre des études en linguistique parce que « l’entraînement équestre » ne faisait tout simplement pas partie des descriptions d’emplois connus. Mais l’entraînement est une profession, et comme toutes les professions, il existe une formation et des accréditations. En accordant de la valeur à l’entraînement, les entraîneurs et entraîneures investissent dans leurs athlètes.