Durant leur formation, les soldats apprennent à travailler ensemble comme une seule unité. Une communication efficace entre les membres est essentielle pour bâtir un esprit d’équipe et surmonter ensemble tous les obstacles. C’est le même principe lorsqu’on monte à cheval. Un bon cavalier doit mettre ses émotions de côté et communiquer clairement avec son cheval au moyen du langage corporel et de commandes vocales. La capacité de se dissocier de ses problèmes personnels lorsqu’on travaille avec les chevaux est d’un grand secours aux gens qui se remettent de maladies ou de blessures traumatisantes.
Ces douze dernières années, le programme Sans limites a aidé près de 5 000 membres des Forces armées canadiennes (FAC) malades ou blessés à faire l’acquisition d’équipement sportif et à prendre part à des activités de groupe structurées comme la pêche, le golf et l’équitation. En 2013, les responsables du programme Sans limites se sont associés à la Gendarmerie royale du Canada (GRC) pour donner aux participants la possibilité de passer une semaine aux écuries du Carrousel de la GRC à Ottawa. Le camp En selle offre aux participants un cadre sécuritaire pour essayer de nouvelles choses et tisser des liens avec des gens qui ont fait face à des défis similaires pendant leur service dans les FAC. Les participants au camp apprennent à soigner, à nourrir et à monter les chevaux qui composent le Carrousel. Plusieurs militaires n’ont jamais eu de contacts avec les chevaux auparavant et sont enchantés d’avoir l’occasion de s’instruire auprès du personnel du Carrousel. L’objectif du camp est de s’amuser; toutefois, bon nombre de participants trouvent une mesure de paix et de guérison auprès des chevaux. L’une des participantes s’est dite surprise de la façon dont les chevaux parviennent à la calmer lorsqu’elle a besoin de souffler durant une journée occupée. Une autre participante, Diane Doiron, a trouvé que les chevaux étaient beaucoup plus indulgents à l’égard de son inexpérience qu’elle ne l’aurait cru. Elle a grandement apprécié leur patience envers elle tandis qu’elle s’initiait aux soins à leur donner et à l’équitation.
Comme de nombreux autres participants au programme Sans limites, Diane a vécu un traumatisme pendant son service dans les FAC. En 1987, elle a été libérée des forces armées en raison de son orientation sexuelle. Elle s’est sentie seule et abandonnée par sa famille militaire et ressentait beaucoup trop de honte pour s’ouvrir à sa famille et à ses amis. Pendant 30 ans, Diane n’a pas été en mesure d’obtenir l’aide et le soutien dont elle avait besoin auprès d’Anciens Combattants Canada ou d’autres services de soutien aux militaires. En 2017, elle comptait parmi quelque 75 personnes invitées à Ottawa par le premier ministre pour recevoir des excuses officielles suite à la discrimination des FAC à l’endroit des personnes LGBTQ+ dans le passé. À cette occasion, Diane s’est sentie de nouveau acceptée comme Canadienne après plus de 30 ans passés à se sentir en marge. Depuis, Diane reçoit l’aide des forces armées pour son PTSD, et dans le cadre de son processus de guérison, elle a décidé de poser sa candidature pour participer à un camp de sport du programme Sans limites. Diane, qui a des habitudes bien établies et n’avait jamais eu de contact avec des chevaux auparavant, voulait tenter une activité qui la sortirait de sa zone de confort. « Je ne savais pas qu’une telle expérience se trouvait sur ma liste de choses à vivre, mais je peux maintenant dire “mission accomplie”! Je n’ai jamais rien fait de tel auparavant! » Lorsque Diane est arrivée au camp En selle du programme Sans limites et qu’elle a revêtu ses pantalons de combat pour la première fois depuis 30 ans, elle s’est sentie réadmise au sein de la famille militaire qu’elle avait quittée il y a si longtemps. Pour Diane, passer une semaine dans les écuries de la GRC s’est avéré l’expérience d’une vie; c’est une semaine qu’elle n’oubliera jamais.
De nombreux soldats se sentent coupables d’être malades ou blessés et de ne pas pouvoir participer aux déploiements. Divers facteurs comme la santé ou la situation familiale peuvent faire en sorte qu’une personne n’est pas envoyée en mission à l’étranger, mais cela ne fait pas de ces militaires des soldats moins dévoués. Après 23 ans au sein des forces armées, Mylène continue de se sentir obligée de donner 110 % d’elle-même dans tous les aspects de sa vie et trouve souvent difficile de s’accorder du temps personnel. Lorsqu’elle a été informée de la possibilité de passer une semaine dans les écuries de la GRC, elle a sauté sur l’occasion même si elle ne croyait pas être admissible au programme. Lorsque sa candidature a été retenue, son rêve s’est réalisé. Mylène a toujours aimé travailler aux côtés des membres de la GRC et était ravie de passer une semaine avec eux dans leurs écuries à Ottawa. « Les chevaux ne vous posent pas de question, ils savent déjà comment vous vous sentez et ils vous aident à guérir sans même essayer. »
Le sergent-major Martin Kohnen, principal instructeur d’équitation du Carrousel, s’implique sans relâche dans le camp En selle du programme Sans limites depuis 2016. Il adore participer au camp, car il connaît bien l’effet que peuvent avoir les chevaux sur la vie des militaires malades ou blessés. Il est très conscient des bienfaits de donner aux gens l’occasion de monter à cheval et d’apprendre de ces animaux extraordinaires. Selon lui, le cheval agit comme un miroir : « Les chevaux enseignent aux gens à s’exprimer clairement et leur permettent de prendre conscience d’eux-mêmes. J’ai espoir que lorsqu’ils vivront des moments difficiles à l’extérieur de ce cadre, les participants au camp se souviendront de ce que leur auront appris les chevaux. »
Bien que l’objectif du camp En selle du programme Sans limites soit de donner aux membres actifs et aux vétérans des FAC malades ou blessés l’occasion d’apprendre à monter à cheval, de s’amuser et de nouer des liens avec des gens ayant vécu des expériences similaires, les participants ont aussi trouvé que l’activité leur a permis de prendre davantage conscience d’eux-mêmes et de se sentir plus en paix. De nombreux participants du programme Sans limites ont souffert de maladies ou subi des blessures dans le cadre de leur service qui ont changé le cours de leur vie à jamais. Parfois, lorsqu’on tente de se remettre d’un traumatisme, briser la routine habituelle peut constituer une première étape importante.
Joe Kiraly, gestionnaires des communications et de la sensibilisation, nous décrit le puissant impact du partenariat avec le Carrousel de la GRC. « Les responsables du programme Sans limites sont très reconnaissants à la GRC et au personnel du Carrousel qui participent au camp de leur soutien et de leur collaboration exceptionnels cette année et les années précédentes. Nos participants malades ou blessés qui ont l’occasion d’apprendre auprès d’instructeurs de premier ordre dans un cadre inspirant créent souvent un lien véritable avec cette activité. Ils entrent fréquemment en contact avec les communautés équestres dans leur région après être rentrés chez eux. Ce partenariat aide réellement le programme Sans limites à réaliser son mandat d’aider les membres et les retraités des FAC malades ou blessés à se découvrir ou redécouvrir une passion pour l’équitation, et le sport en général, et à demeurer actifs toute leur vie. »
Le programme Sans limites s’engage à soutenir les militaires et les vétérans des FAC malades ou blessés en organisant des camps comme En selle partout au pays. Au fil des ans, de plus en plus de gens se sont joints au programme Sans limites dans l’espoir de participer à un camp axé sur leur discipline sportive préférée. Depuis l’an dernier, on constate une hausse d’intérêt de 105 % chez les membres actifs et les vétérans des FAC. Les camps comme En selle sont financés exclusivement grâce aux dons de généreux Canadiens et Canadiennes. Si vous souhaitez contribuer au programme Sans limites et aider nos participants, veuillez consulter la page https://www.sans-limites.ca/Apporter-du-soutien.
Source: Serge Gouin, RCMP