Écrit par : Scott Benjamin
Bien connu comme l’une des plus anciennes races équines de l’histoire, le cheval arabe existe depuis près de 5 000 ans. Il tire son nom de la péninsule d’Arabie, où ses premiers ancêtres ont été domestiqués par les Bédouins. Ces tribus nomades vivaient principalement de leurs métiers d’artisans, le long de l’ancienne route de la soie qui joignait l’est et l’ouest. Appréciant la vivacité, l’intelligence, l’agilité et le courage du cheval arabe, elles l’ont rapidement adopté comme leur monture de choix pour les cérémonies, les compétitions et les combats, élevant éventuellement leur statut à celui de grands et célèbres guerriers. Le cheval arabe était ainsi considéré comme un bien précieux qui symbolisait le prestige et la richesse au sein de leurs communautés fondées sur la hiérarchie.
Bien qu’il ait évolué au fil des siècles, à la fois naturellement et à l’aide de l’humain, le cheval arabe a été fortement influencé par les déserts vastes, accidentés, arides et hostiles de Nejd où la température est extrême et la nourriture rare. Pour survivre sur ces terres impitoyables, il est essentiel pour le cheval d’avoir une peau foncée et un excellent système vasculaire lui permettant de résister au soleil et d’évacuer la chaleur. Il doit également avoir une robe lisse, huileuse et lustrée qui le protège de la poussière et des nuits froides. Ses naseaux doivent être larges afin de maximiser la quantité d’air inhalé et bien oxygéner le sang et ses pieds doivent être robustes et larges pour parcourir le terrain difficile. Son ossature doit également être solide et dense pour résister aux longues distances et aux chocs subis dans le désert. Les Bédouins privilégiaient quant à eux des montures équilibrées, puissantes, rapides, agiles et endurantes, ce qui a permis au cheval arabe d’évoluer en conservant une taille moyenne et une incroyable résilience. Son port de tête élégant et sa queue haute qui le définissent si bien aujourd’hui sont devenus plus apparents au fil du temps. Les caractéristiques de son avant-main lui permettaient d’être plus agile en combat, tandis que sa queue l’aidait à maximiser la dispersion de sa chaleur corporelle lors d’efforts intenses.
BL Reigning Fire (propriété de Marilyn Robinson), mené par Brenda Dreidiger. Photo de Meaghan Estes.
Le mode de vie nomade des Bédouins exigeait également un cheval d’une intelligence hors du commun, de vifs instincts et une affinité inhérente pour l’interaction humaine, faisant de cette relation privilégiée entre le cheval arabe et ses soigneuses et soigneurs l’une des plus importantes, des plus avantageuses et des plus mutuelles de toute l’histoire de l’humanité. Cette combinaison d’attributs, à la fois physiologiques et psychologiques, est fondamentale pour l’essence de la race arabe selon la norme moderne, un archétype basé sur l’idéal ancien qui assure non seulement le progrès, mais aussi la survie, à la fois pour le cheval et pour l’humain. Dispersé en Afrique du Nord et en Europe au cours de l’expansion de l’Islam au Moyen Âge, le cheval arabe est devenu un objet de grande convoitise pour la noblesse et les militaires tout au long de l’époque du romantisme, lorsque l’établissement de races pour toutes les espèces animales domestiquées est devenu un objectif sérieux. Des haras royaux, aristocratiques et nationaux consacrés à l’élevage de chevaux arabes, à la fois en tant que pur-sang et en tant que croisements essentiels pour d’autres races de chevaux légers, ont été établis dans toute l’Europe, notamment en Pologne, en Russie, en Allemagne, en Espagne, en France, en Hongrie et en Grande-Bretagne. Le plus grand groupe de pur-sang arabes à quitter la patrie arabe fut celle exportée en Angleterre par Sir Wilfrid et Lady Anne Blunt pour le Crabbet Park au milieu et à la fin du XIXe siècle. La génétique de ces chevaux se retrouve encore sur tous les continents où le cheval arabe prospère aujourd’hui, y compris dans les programmes d’élevage les plus réussis qui dominent maintenant le Moyen-Orient.
La diaspora de la race à l’époque du colonialisme a fait du cheval arabe un ancêtre essentiel dans la formation de presque toutes les races de chevaux légers de la planète. L’influence du cheval arabe sur l’origine du cheval pur-sang est légendaire, les chevaux arabes Godolphin et Darley étant connus comme deux des trois géniteurs fondateurs les plus importants. Des races immensément populaires telles que l’American Quarter Horse, le Morgan, l’American Saddlebred, le Lipizzan, l’Australian Stockhorse et presque toutes les races de Warmblood européennes doivent leurs origines à des ancêtres arabes, tout comme un grand nombre de races de poneys et de chevaux de trait telles que le Welsh, le German Riding Pony, le Pony of the Americas, le Percheron et le Haflinger. La popularité et la notoriété de la race se sont accrues après la publication de la très influente série de livres de Walter Farley intitulée The Black Stallion (L’étalon noir), une saga richement détaillée et sincère qui a bénéficié d’une exposition mondiale encore plus importante grâce à la sortie de trois longs métrages basés sur les récits en 1979, 1983 et 2003.
Le contexte sociétal et écologique au sein duquel la race arabe a été forgée a donné naissance à un cheval qui ne ressemble à aucun autre de nos jours. Universellement reconnu comme une race polyvalente, le cheval arabe est connu pour réussir dans un plus grand nombre de sports et de disciplines équines que n’importe quel autre équidé. Du travail de ranch aux autres disciplines western, en passant par le saut d’obstacles et le dressage, le cheval arabe peut participer à tous ces sports et bien plus encore, le tout avec compétence, capacité et enthousiasme. Il n’est donc pas surprenant que le cheval arabe soit inégalé en endurance, une discipline athlétique pour laquelle la race a été soigneusement sélectionnée par l’humain et la nature pendant des millénaires. Le cheval arabe demeure l’une des races les plus populaires au monde et, en tant que l’un des plus anciens chevaux de l’histoire est utilisé, apprécié et aimé dans plus de pays que n’importe quelle autre race équine.