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Écrit par : Camryn McNeill, B.B.R.M.
Révisé par: Dr. Madison Ricard, DVM, PhD, DACVP, PAS
Traduit par : Michèle Rhéaume, MSc
Revue vétérinaire: Dr. Jennifer Skaggs, DVM
Le dopage sanguin chez les chevaux est une pratique d’amélioration des performances qui stimule la capacité de transport d’oxygène du sang via l’augmentation artificielle du nombre de globules rouges (GR). Dans les sports équestres, le dopage sanguin est utilisé pour améliorer l’endurance et la récupération, ce qui permet aux chevaux de performer à des intensités plus élevées pendant des périodes prolongées.
Le dopage sanguin est une méthode efficace d’amélioration des performances qui présente de graves risques pour la santé en plus de soulever des préoccupations éthiques. Cette pratique compromet l’équité dans les compétitions et viole les principes du bien-être animal en privilégiant l’avantage compétitif au détriment du bien-être du cheval. Par conséquent, le dopage sanguin est interdit dans les sports équestres et des réglementations strictes sont en place afin de détecter et de prévenir son utilisation.
Méthodes de dopage équin
Le dopage sanguin améliore les performances athlétiques en augmentant la capacité de transport d’oxygène du sang, ce qui renforce l’endurance et réduit la fatigue lors d’une activité physique intense. Bien que le dopage sanguin englobe un éventail de méthodes et de substances, voici les plus étudiées chez les chevaux :
Érythropoïétine synthétique (rHuEPO)
L’érythropoïétine (EPO) est une hormone naturelle qui stimule la production de globules rouges (GR) dans la moelle osseuse, augmentant ainsi la capacité de transport d’oxygène du sang.
Ce processus, appelé érythropoïèse, est essentiel pour améliorer l’endurance et les performances lors d’efforts physiques.
Chez les chevaux, une version synthétique de l’EPO appelée érythropoïétine humaine recombinante (rHuEPO) est administrée pour augmenter le taux de GR. Cela améliore l’endurance et la récupération lors de courses et d’épreuves d’endurance.
Cependant, en raison de préoccupations liées au bien-être des chevaux, la Fédération Équestre Internationale (FEI) a placé la rHuEPO sur la liste des substances interdites en 2010.
Filgrastim (facteur de stimulation des colonies de granulocytes)
Le filgrastim (une forme de facteur de stimulation des colonies de granulocytes ou G-CSF humain) stimule la production de certains types de cellules sanguines. Il est souvent utilisé en combinaison avec la rHuEPO dans des traitements par cellules souches ou pour traiter des maladies telles que l’anémie.
Chez les chevaux, le filgrastim peut être utilisé à des fins non médicales pour améliorer les performances en augmentant la production de globules rouges.
Modificateurs/stabiliseurs du facteur induit par l’hypoxie
Le facteur induit par l’hypoxie (aussi connu sous l’abréviation anglaise HIF) aide l’organisme à répondre à de faibles niveaux d’oxygène (hypoxie). Il active les gènes qui favorisent l’apport en oxygène et augmentent la production de globules rouges, permettant aux cellules de s’adapter au déficit d’oxygène.
HIF-1 est une protéine clé dans ce processus, car elle augmente la production de globules rouges et améliore l’apport en oxygène. Les modificateurs de HIF-1 imitent cet effet, augmentant artificiellement la production de globules rouges et la capacité de transport d’oxygène, ce qui peut améliorer les performances athlétiques.
Les modificateurs/stabilisateurs de HIF-1 courants incluent le cobalt et le roxadustat. Ces substances sont interdites dans les sports équestres par des organismes de réglementation comme l’Agence Mondiale Antidopage (AMA) et l’International Federation of Horseracing Authorities (IFHA), car elles ont le potentiel d’améliorer les performances en augmentant la disponibilité en oxygène.
Chlorure de cobalt
Le chlorure de cobalt (CoCl2) est supposé agir comme un modificateur de HIF-1, stimulant la production d’érythropoïétine (EPO). L’EPO signale à la moelle osseuse de produire davantage de globules rouges et augmente potentiellement la capacité de transport d’oxygène du cheval. Toutefois, il n’existe actuellement aucune preuve scientifique qu’il améliore les performances athlétiques chez les chevaux.
De plus, des doses élevées de chlorure de cobalt peuvent être nocives. Bien que ses effets à long terme sur les chevaux ne soient pas bien compris, la toxicité du cobalt après une exposition prolongée, même à faibles doses, a été documentée chez d’autres espèces.
Roxadustat
Le roxadustat est un médicament qui stabilise le facteur induit par l’hypoxie (HIF), augmentant ainsi les niveaux d’EPO et stimulant la production de globules rouges.
Dans le domaine médical, le roxadustat est utilisé pour traiter l’anémie chez les patients atteints de maladie rénale chronique. Son utilisation est strictement interdite dans les sports équestres.
Trispyrophosphate de méso-inositol (ITPP)
Le trispyrophosphate de méso-inositol (abréviation anglaise ITPP) est un médicament qui améliore l’apport d’oxygène en facilitant la libération d’oxygène par les globules rouges. Chez les chevaux, il est utilisé pour augmenter l’endurance, notamment dans les disciplines de haute performance comme les courses.

Risques pour la santé et effets secondaires
Chez les chevaux, le dopage sanguin comporte de graves risques pour la santé. Ces pratiques peuvent endommager plusieurs systèmes organiques et gravement compromettre le bien-être général du cheval.
Les complications du dopage sanguin varient en fonction de la substance utilisée et de la durée d’administration. Les chevaux affectés peuvent présenter :
- Une léthargie ou une fatigue
- Une diminution des performances
- Une mauvaise récupération
- Des arythmies
- Une augmentation de la pression artérielle
- Une diminution de la circulation périphérique
- Une respiration laborieuse (dyspnée)
- Une anémie
- Des muqueuses pâles
- Une inflammation
Intoxication au chlorure de cobalt
Les sels de cobalt utilisés pour le dopage sanguin chez les chevaux présentent de graves risques pour la santé. Le cobalt est un oligo-élément essentiel dans le régime alimentaire équin mais, lorsqu’il est utilisé en quantités excessives pour le dopage sanguin, le cobalt peut provoquer une intoxication, entraînant de graves complications. Bien que les recherches sur les effets à long terme du cobalt chez les chevaux soient limitées, sa toxicité est bien documentée chez les humains.
Bien qu’il y ait peu d’études portant sur les chevaux, l’une d’entre elles a montré que l’administration intraveineuse de chlorure de cobalt peut entraîner une pression artérielle irrégulière, des signes de détresse et des marqueurs de stress élevés. Des doses répétées peuvent conduire à une accumulation de cobalt dans l’organisme et des dommages à long terme à plusieurs systèmes.
Érythropoïétine humaine recombinante (rHuEPO)
L’utilisation de la rHuEPO chez les chevaux pour augmenter la production de globules rouges comporte des risques importants. L’administration répétée de rHuEPO, qui diffère structurellement de l’EPO naturelle du cheval, peut déclencher une réponse immunitaire.
Cette réaction immunitaire peut interférer avec la capacité du cheval à produire sa propre EPO, pouvant potentiellement entraîner une anémie mortelle. Le système immunitaire peut attaquer l’EPO synthétique et l’EPO naturelle, réduisant la capacité de transport d’oxygène du sang et provoquant de graves problèmes de santé.
Détection du dopage sanguin chez les chevaux
La détection du dopage sanguin chez les chevaux est primordiale pour assurer une compétition équitable et pour préserver le bien-être des chevaux.
Des techniques avancées visent à identifier des biomarqueurs ou métabolites spécifiques associés au dopage. Les méthodes de test disponibles pour l’analyse du sang et du plasma incluent :
- Le test du niveau d’érythropoïétine (EPO)
- Le test du niveau de cobalt
- Le test des niveaux d’hémoglobine et d’hématocrite
- Les immunoessais (test ELISA)
- La spectométrie de masse (LC-MS)
Défis reliés à l’application de la réglementation
L’application des règlements antidopage dans les sports équestres pose des défis importants. La Fédération Équestre Internationale (FEI) a établi des règles strictes contre les drogues et pratiques améliorant les performances, incluant toutes les formes connues de dopage sanguin.
Malgré les réglementations en place, la détection demeure difficile en raison des techniques de dopage avancées et des fenêtres de détection limitées, qui permettent à certaines infractions de passer inaperçues.
De plus, l’absence d’un organisme mondial de réglementation unique qui supervise le contrôle du dopage dans les courses de chevaux conduit à des programmes antidopage erratiques d’une région à l’autre. Ce manque de réglementations normalisées complique les efforts visant à garantir une compétition équitable, à protéger le bien-être des chevaux et à maintenir l’intégrité du sport.
Camryn McNeill, B.B.R.M.
Cam vit en Ontario, au Canada, et a obtenu sa licence en gestion des ressources biologiques (B.B.R.M.) à l’université de Guelph, avec une spécialisation en gestion équine. Elle s’intéresse au bien-être des chevaux et comprend l’importance d’une alimentation saine pour un cheval heureux. Elle a plus de 15 ans d’expérience dans le domaine des chevaux, ayant travaillé dans des écuries de cours et des hippodromes. Lorsqu’elle n’étudie pas, Cam passe la majeure partie de son temps à traîner au bord du lac avec son chien ou à faire du sport.
