La sélection des grands Jeux peut parfois sembler un mystère – du coup, un communiqué de presse apparaît avec une liste de duos choisis pour représenter la feuille d’érable. Cependant, comment ces noms d’athlètes et de chevaux sont-ils choisis? James Atkinson, qui réside à San Marcos, en Californie, a fait la lumière sur le processus en tant que membre du comité de sélection de l’équipe canadienne de concours complet pour les Jeux panaméricains de Lima 2019 qui auront lieu du 26 juillet au 11 août au Pérou.

James Atkinson Demystifies Canadian Eventing Team Selection for Lima 2019 Pan American Games

James Atkinson de San Marcos, en Californie, partage son approche de sélection de l’équipe de concours complet pour les Jeux panaméricains de Lima 2019, qui auront lieu du 26 juillet au 11 août au Pérou.
Photo : Caroline Soble/©CE

Membre à trois reprises de l’équipe canadienne de concours complet, James est familier avec les hauts et les bas extrêmes de la compétition internationale en équipe.

« Ma première expérience d’équipe était aux Jeux panaméricains de Winnipeg en 1999; je n’ai pas terminé [toutes les phases de la compétition], mon cheval a boité pendant la pause de 10 minutes entre le saut d’obstacles et le cross-country, raconte-t-il. Aux Jeux équestres mondiaux (JEM) de 2002 à Jerez, en Espagne, j’ai dû m’arrêter à mi-chemin de l’épreuve du cross-country parce que mon cheval était blessé. Puis en 2011, je suis allé aux Jeux panaméricains de Guadalajara, au Mexique, et j’ai remporté la médaille d’argent par équipe – c’est alors que [Jessica Phoenix] a remporté l’or individuel. Cela m’a donc certainement fait prendre conscience du fait que [la compétition par équipe] est très difficile. J’ai toujours complété les compétitions de long format individuelles, mais jusqu’en 2011, je ne l’avais jamais fait dans une épreuve par équipe. »

Grâce à sa connaissance approfondie des fonctionnements internes et de la pression vécue aux grands Jeux, James a été un ajout idéal au groupe de consultation en haute performance de Canada Équestre en 2017. Il a servi au sein de son premier comité de sélection pour choisir l’équipe canadienne de concours complet pour Jeux équestres mondiaux de 2018 à Tryon, en Caroline du Nord, aux côtés de l’athlète internationale Penny Rowland et de Rob Stevenson, président du groupe consultatif de haute performance. Peu après, le trio s’est réuni de nouveau pour choisir les prochains représentants canadiens aux prochains Jeux panaméricains de Lima 2019.

Pour être sélectionnés au sein de l’équipe canadienne de concours complet, les duos doivent satisfaire aux exigences minimales d’admissibilité, qui établissent les paramètres de performance pour chaque phase de la compétition – dressage, cross-country et saut d’obstacles. Le comité de sélection tient ensuite compte de plusieurs autres facteurs, dont la condition physique, en fonction des critères de mise en nomination propres à chaque Jeux.

« Il y a de très bonnes raisons pour lesquelles la sélection n’est pas simple; c’est difficile lorsque les responsabilités potentielles sont très claires, commente James. C’est réel, c’est un métier pour ces cavaliers, et c’est très important. Ma participation comme cavalier à ce niveau de compétition est assez récente, et je suis toujours entraîneur, je monte toujours et je suis présent à beaucoup d’épreuves, donc la haute performance est dans mon esprit. La plupart des cavaliers actuels sont des gens que j’ai affrontés, avec qui j’ai fait équipe, alors je pense que c’est une bonne chose, car ils savent que c’est là d’où je viens. »

James Atkinson Demystifies Canadian Eventing Team Selection for Lima 2019 Pan American Games

James apporte son expérience en tant que membre à trois reprises de l’équipe canadienne de concours complet au comité de sélection. On le voit ici en compétition aux Jeux panaméricains de Guadalajara 2011 avec Gustav.
Photo : Shannon Brinkman

Le respect des athlètes est un élément clé sur lequel James insiste tout au long du processus des grands Jeux, depuis les déclarations initiales jusqu’à la conclusion des Jeux. C’est une valeur qu’il a apprise grâce à l’ancienne présidente du comité de haute performance du concours complet, Grit High, qui a siégé au comité de sélection pendant qu’il était athlète.

« Grit est une personne fantastique et mon modèle en tant que membre du comité de sélection, dit James. Elle a communiqué directement avec moi et m’a dit exactement ce dont j’avais besoin afin d’être pris en compte – non pas pour être sélectionné, mais pour être considéré. C’est là le niveau de respect que nous devons accorder à ces cavaliers. En fin de compte, nous ne pouvons pas vraiment contrôler les résultats d’une compétition internationale en équipe, mais nous pouvons contrôler l’expérience, ce qui a une réelle valeur ajoutée. La culture de respect autour l’équipe a grandement contribué au succès de l’équipe. »

L’autre facteur contribuant au succès de l’équipe est la capacité athlétique cumulative de chaque paire. Viser un potentiel maximal de podium à partir d’un bassin extrêmement varié de talents canadiens n’est pas une tâche facile, d’autant plus que chaque grand Jeux exige une stratégie de sélection différente.

« [La sélection] varie certainement en fonction du niveau de compétition, explique-t-il. Pour le niveau 5*, et en particulier pour les Jeux olympiques de Tokyo en 2020, il y a trois cavaliers dans une équipe et trois pointages à compter, ce qui est très différent de quatre cavaliers dans une équipe avec trois pointages à compter. Fondamentalement [une compétition 5*] aura au mieux trois ou quatre équipes au monde qui termineront, donc pour nous la priorité est de passer le fil d’arrivée au galop et non au trot. Supposons que nous ayons 30 chevaux qui présentent un taux de réussite de 85 % – ce qui est un très bon taux de réussite – quand vous faites le calcul, trois chevaux fiables ont 50 % de chances mener l’équipe à la ligne d’arrivée, donc plus ils sont constants en cross-country, plus ils ont de chances d’aller de l’avant. Cela est clair et juste pour le niveau de championnat 4* ou 5*. »

Cependant, quand vous ajoutez les pénalités à ceci, la stratégie de sélection change un peu.

« Pour cette année, nous pouvons nous attendre pour le niveau 3* de Jeux panaméricains à ce que d’autres équipes terminent sur leur pointage de dressage, ce qui mettra trois chevaux avec environ 90 à 110 points au dressage, si bien que nous devons viser cela. Nous devrions peut-être prendre un peu plus de risques à l’occasion, car si nous ne sommes pas dans cette fourchette, nous ne sommes pas dans le coup. Nous devons choisir des chevaux qui terminent avec 30-35 points. À long terme, réussir le saut au cross-country fait le succès des équipes et des cavaliers. »

Heureusement pour James et ses collègues sélectionneurs Penny et Rob, les duos canadiens atteignent de plus en plus souvent cet objectif de points, ce qui est un bon problème en soi, sans toutefois faciliter la sélection pour les Jeux panaméricains Lima 2019.

« C’était un processus de sélection très difficile pour Lima parce que nous avons tellement de cavaliers qui ne sont pas seulement à ce niveau, mais qui sont compétitifs à ce niveau, confirme-t-il. Il ne s’agissait pas d’une décision fondée sur la personne qui, à notre avis, fera le tour du parcours et le terminera; il s’agissait d’une décision stratégique fondée sur le pointage que nous pensions que d’autres pays allaient cibler et livrer, et sur ce que nous devions faire pour être en concurrence avec cela. C’est un témoignage de la qualité des chevaux et des cavaliers à ce niveau que nous commençons à voir dans ce pays. »

Comme prévu, les duos de l’équipe canadienne de concours complet sélectionnés pour les Jeux panaméricains de Lima 2019 sont tous capables de produire un pointage final dans la trentaine : Dana Cooke de Mooresville, en Caroline du Nord, et Mississippi (Cassini II x Legaat), une jument Württemberger de neuf ans appartenant à FE Mississippi Syndicate LLC; Colleen Loach de Dunham, de Québec et Fe Golden Eye (Goldfever x Contendro I), l’athlète canadienne qui possède avec Amanda Bernhard le cheval Hanoverian de sept ans; l’athlète olympique canadienne Jessica Phoenix de Cannington, en Ontario, et son hongre westphalien de 17 ans, Pavarotti (Pavarotti van de Helle x Foxiland XX); et Karl Slezak de Tottenham, en Ontario, et Fernhill Wishes (Chacoa x Gildawn Diamond), le cheval sportif irlandais de 10 ans dont il est le propriétaire avec Kirk Hoppner.

James Atkinson Demystifies Canadian Eventing Team Selection for Lima 2019 Pan American Games

James et ses collègues membres du comité de sélection, Penny Rowland et Rob Stevenson, ont choisi l’équipe canadienne de concours complet pour les Jeux panaméricains de Lima 2019 en fonction de leur capacité à produire des notes finales dans la trentaine.
Dans le sens horaire à partir du haut à gauche : Karl Slezak et Fernhill Wishes, Colleen Loach et FE Golden Eye, Dana Cooke et Mississippi, Jessica Phoenix et Pavarotti
Photos : Cealy Tetley, Brant Gamma Photography, Amy Flemming Waters Photography, Shannon Brinkman

« Jessica a fait preuve de constance dans l’équipe avec Pavarotti, donc nous avons cette expérience, et Colleen aussi, mais Dana et Karl sont nouveaux et très méritants, affirme James à propos de l’équipe sélectionnée. Nous avons une équipe jeune et rafraîchissante avec trois nouveaux chevaux, et Pavarotti pour un peu de constance, donc je suis enthousiaste que nous soyons en train de jouer notre jeu et de faire progresser les meilleurs chevaux vers les plus hauts niveaux. Je crois que cela aidera les programmes et la confiance de Dana et Karl à se développer jusqu’à ce qu’ils soient constamment au même niveau que Jessica et Colleen.

« Tout le monde travaille dur pour faire partie de l’équipe, mais on est là pour représenter son pays. Si c’était facile, ça ne vaudrait rien du tout. Il n’y a pas de plus grand honneur dans ce sport – et je sais que c’était décevant pour certaines personnes, mais elles auront leur occasion et, espérons-le, redoubleront leurs efforts pour que nous ne puissions pas les exclure de l’équipe la prochaine fois », conclut-il.