Dans « Les petites améliorations mènent à des médailles : 1re partie », je vous ai expliqué que l’analyse de données d’apparence banale peut permettre d’améliorer les résultats de façon importante. Dans le cadre de cette deuxième partie, je vous invite à comprendre comment nous combinons cette analyse avec l’outil de mesure des performances Profils de médaille d’or (PMO) dans le but de soutenir l’équipe canadienne de paradressage.

Au cours des dernières années, Canada Équestre (CE) a développé une stratégie à long terme qui repose sur l’étude de la conception de PMO pour les athlètes humains et équins de notre sport. Les PMO sont composés des compétences et des attributs d’athlètes de calibre mondial qui ont été analysés et organisés au fil du temps. L’objectif est d’aider CE à identifier les principales caractéristiques qui permettent de se hisser sur le podium et, de ce fait, à déterminer les points sur lesquels l’athlète peut se concentrer en vue d’obtenir une médaille.

L’accès à une telle référence hausse la barre pour tous de manière tangible. Cet outil permet, jusqu’à un certain point, d’éliminer les suppositions dans le cadre d’entraînements et de présenter une sorte de « dure réalité » en mettant en évidence les compétences générales et spécialisées qui nécessitent une attention particulière. Cela établit un dialogue ouvert entre l’équipe de soutien personnelle de l’athlète et le réseau de soutien de l’équipe nationale.

Les PMO permettent aussi à CE d’examiner les problèmes systémiques en identifiant de nouveaux domaines pouvant contribuer à l’amélioration de compétences à long terme. De cette façon, les PMO soutiennent à la fois les athlètes et le sport dans son ensemble. D’autre part, CE s’emploie à créer un système sportif adéquat qui peut contribuer à combler des lacunes systémiques et aider l’équipe à remporter des médailles. Les PMO devraient beaucoup contribuer à identifier les talents et à prouver que la science peut être une source d’amélioration – la victoire peut reposer sur plus que de la chance.

Le modèle de PMO pour les humains de CE est basé sur des PMO similaires provenant d’autres organismes nationaux de sport et a été adapté aux sports équestres.

Le modèle de PMO pour les athlètes équins a été élaboré à partir de zéro. Pour le paradressage, je me suis basé sur les chevaux que je considérais comme étant les médaillés les plus constants des quinze dernières années. En m’appuyant sur la question « Qu’est-ce que l’excellence », je me suis demandé « À quoi ressemble un cheval ayant remporté une médaille d’or ? »

Alors que nous commençons à intégrer correctement ces modèles dans le programme de l’équipe canadienne de paradressage, ces derniers évoluent constamment afin de demeurer adaptés aux besoins. Les PMO précisent des lacunes pour toutes les combinaisons qui sont identifiées dans les évaluations annuelles effectuées par des entraîneurs et par l’équipe de soutien intégré (ESI) de CE. Cela comprend le personnel technique, dont le massothérapeute (RMT) et l’entraîneur de performance mentale de l’équipe. L’information amassée pour les PMO est ensuite validée à l’aide des résultats de performance et une boucle de rétroaction est établie afin que les entraîneurs puissent mieux comprendre le développement de leurs athlètes.

Les modèles pour les athlètes humains et équins comprennent cinq catégories d’attributs (environnemental, physique, psychosocial, tactique, technique) qui sont divisées en cinq sections et qui sont basées sur les caractéristiques nécessaires pour devenir un athlète de classe mondiale. Chaque section comprend cinq facteurs qui représentent les compétences que possèdent les athlètes de haut niveau. Les facteurs possèdent une cote sur un total de cinq et s’accumulent pour former une note et un pourcentage globaux.

Les modèles de PMO pour l’équipe canadienne de paradressage sont les suivants :

From the Desk of Clive Milkins: Marginal Gains Win Medals, Part 2

Je vous invite à vous pencher davantage sur le facteur portant sur la capacité du cheval à se déplacer, ainsi que sur son rôle dans le calcul des probabilités de succès. Les déplacements liés aux championnats peuvent comprendre des voyages par avion et des séjours éloignés pouvant durer de deux à trois semaines à la fois, le tout en vue d’un concours éventuel. Ainsi, un cheval qui, lors de séjours éloignés, ne supporte pas bien les déplacements, ne s’adapte pas et ne mange pas aurait beaucoup trop de difficultés à se hisser sur le podium.

L’idée est que tout le monde, y compris l’athlète, soit impliqué dans ces évaluations pour stimuler les forces et combler les lacunes de chacun, et ainsi livrer une performance de niveau international. Le PMO équin est un modèle distinct qui est lié au PMO de l’athlète. Il est basé sur le fait que les entraîneurs devraient, à la suite de leur formation sur l’outil, pouvoir évaluer n’importe quel cheval et déterminer si ce dernier est un choix adéquat pour le paradressage. Nous sommes également en voie de permettre aux entraîneurs d’utiliser cet outil en tant que modèle pour l’identification des talents.

Des statistiques prouvent que nous nous améliorons constamment, mais que les athlètes et les chevaux ne reçoivent pas de scores parfaits. Alors que personne n’a encore reçu un score de 100 % pour une reprise de dressage, les scores de 80 % deviennent de plus en plus courants.

Les deux analyses de données (comme discuté dans « Les petites améliorations mènent à des médailles : 1re partie ») et les PMO font dorénavant partie du programme pour chaque visite à domicile de l’ESI de CE. Le but est de faire usage de faits le plus possible pour atteindre des améliorations concrètes. CE vise à quantifier la performance de manière moins subjective et à trouver des améliorations de la performance pouvant être atteintes par tout le monde, puisqu’un simple pas dans la bonne direction peut contribuer grandement à la performance de tous.

La plupart du temps, le premier défi à relever est de trouver le meilleur point de départ pour l’amélioration. L’analyse de données et les PMO ne sont pas conçus pour critiquer ou déceler des fautes dans des performances athlétiques déjà accomplies. Ils créent plutôt un système propice à la réflexion de soi et à la prise de responsabilité et encouragent les questions et le respect des opinions de tous. Les sports ne seront jamais une science exacte, en particulier lorsqu’ils concernent les chevaux. Néanmoins, le développement d’un système d’analyse qui permet à tout le monde de croire en eux et de faire confiance à leur entourage est un pas vers un milieu plus sain et une culture de haute performance où les individus et l’équipe canadienne de paradressage pourront accomplir davantage.

Sincèrement,

Clive Milkins
Conseiller technique du programme de haute performance en paradressage
Entraîneur de dressage haute performance 1 certifié CE/PNCE