Quand, en 1965, Ehrlick, originaire de Campbellville (Ontario) et membre de l’Équipe canadienne de concours complet, a rencontré son futur partenaire des Jeux olympiques, un hongre anglo-arabe de 1962, baptisé The Nomad (engendré par Yusof) – le fait que cette monture âgée de trois ans seulement ait été un demi-sang arabe relève du pur hasard – il était simplement à la recherche d’un cheval rodé pouvant l’aider à passer le niveau junior. La combinaison s’est avérée plus que gagnante, puisqu’ils ont rapidement gravi les échelons en remportant notamment les rallyes du Poney Club Canadien en 1967 et en obtenant la note la plus basse depuis 30 ans à une épreuve de dressage lors d’un concours complet de la FEI.
Après avoir dominé les épreuves olympiques canadiennes, Ehrlick et The Nomad se sont tout naturellement retrouvés en route pour les Jeux olympiques de 1968 à Mexico. Une fois sur place, le duo magique fut l’une des 38 équipes cavalier-cheval à terminer le parcours de cross-country réputé difficile sur les 78 concurrents. Leurs efforts leur ont valu de finir à la 35e place à l’épreuve individuelle et parmi les 10 premiers pour l’Équipe canadienne de concours complet aux côtés de leurs coéquipiers, Robin Hahn, Norman Elder et Barry Sonshine. Après s’être distingués comme dignes représentants de l’unifolié, Ehrlick et The Nomad sont ensuite restés dans l’équipe canadienne, mais cette fois à titre d’équipe cavalier-cheval réserviste aux Jeux olympiques de 1972 et 1976.
Photo d’Allan Ehrlick, originaire de Campbellville (Ontario), et de sa monture, The Nomad, qui s’élancent dans l’eau, tête baissée, lors des Jeux olympiques de 1968, à Mexico.
Source : Gracieuseté d’Allan Ehrlick
Visiblement inspiré par le fort lien d’attachement qui l’unissait à The Nomad, Ehrlick a décrit sa monture comme étant un cheval « incroyablement doué et courageux », doté d’un « grand sens de l’humour », avec un faible pour la réglisse rouge. Après la mort de The Nomad en 1979, Ehrlick s’est tourné vers les chevaux arabes et a commencé à présenter exclusivement des arabes pur-sang et demi-sang. Il figure désormais parmi les amateurs les plus primés de l’Arabian Horse Association (AHA) avec pas moins de 111 trophées nationaux à son actif. Mais même si Ehrlick peut se targuer d’avoir eu plusieurs montures exceptionnelles tout au long de ces années – comme son hongre arabe de 1994, Dal Apollo (S.E.A. Ben Ben Bilal x Zaghloul), qui fut le cinquième cheval canadien à décrocher le titre de Cheval de l’année décerné par l’Organisation mondiale du cheval arabe en 2014 – aucune n’aura réussi à détrôner The Nomad dans son cœur.
En 2018, pour souligner le 50e anniversaire de sa participation aux Jeux olympiques de 1968 avec son cher compagnon, Ehrlick a reçu un cadeau de la part du Comité olympique canadien : une paire de gants arborant la feuille d’érable, en souvenir de l’héritage que lui et The Nomad lèguent en tant qu’athlètes olympiques canadiens.
En souvenir du 50e anniversaire de sa participation aux Jeux olympiques de 1968, Ehrlick a reçu en cadeau une paire de gants arborant la feuille d’érable.
Source : Gracieuseté d’Allan Ehrlick
« Avoir la chance de participer aux Jeux olympiques, c’est comme vivre un conte de fées », raconte Ehrlick. « La pression, l’exigence, le travail et le dévouement : c’est juste indescriptible. C’est un privilège dont on ne se remet jamais complètement : et pourtant j’ai fait partie de l’équipe nationale de natation vers l’âge de 15-16 ans et, plus tard, j’ai même joué au hockey pour l’Équipe canadienne; pourtant rien n’égale le fait de représenter le Canada lors de divers événements équestres. »
Si l’héritage d’Ehrlick comme athlète olympique reste à jamais gravé dans nos mémoires, sa contribution aux sports équestres après 1968 est tout aussi majeure. En plus d’avoir été intronisé cinq fois au Panthéon équestre, Ehrlick est commissaire de niveau 2 de la FEI en saut d’obstacles, commissaire senior de CE dans toutes les disciplines, et juge de CE pour les catégories de chasse, de hack de chasse, d’équitation assiette de chasse et de saut d’obstacles. Il a également joué un rôle fondamental dans l’organisation de concours de chevaux arabes en Amérique du Nord ces trente dernières années. Enfin, il a siégé au conseil d’administration de l’AHA pendant plusieurs années, a été administrateur de la Région 18 de l’AHA pendant 16 ans par intermittence, de 1992 à 2018, et agit actuellement comme président de l’AHA pour l’est du Canada.
Plus récemment, c’est accompagné de son épouse, Cheryl Smith-Ehrlick qu’Ehrlick s’est vu décerner le prix National Volunteer Service à l’occasion du congrès national 2018 de l’AHA en remerciement de sa contribution aux concours pour chevaux arabes. C’était la troisième fois qu’il recevait cette récompense, et la deuxième pour Smith-Ehrlick.
« Quand vous choisissez de récompenser deux Canadiens sur les 18 000 à 20 000 membres que compte l’AHA, ce n’est pas rien », a déclaré Ehrlick au moment de recevoir le prix. « Si cette forme de reconnaissance est très appréciée, la partager avec ma femme lui donne une tout autre dimension. J’estime avoir beaucoup de chance de pouvoir poursuivre ma passion aux côtés de ma divine épouse, Cheryl Smith. »
Cela fait 30 ans qu’Ehrlick peut compter sur le soutien de sa femme, cavalière accomplie, Cheryl Smith-Ehrlick. Ensemble, ils ont reçu le National Volunteer Service Award de l’AHA pour 2018.
Source : Jeff Janson
Malgré un emploi du temps chargé et en dépit du fait que les Jeux olympiques de 1968 sont désormais chose du passé, Ehrlick est parvenu à transmettre son amour des chevaux arabes grâce à celui par lequel tout a commencé : son majestueux hongre gris, The Nomad.