La famille de Charlotte est originaire de la Lituanie, près de l’ancienne ville de Trakehner, en Prusse orientale. Sa famille élevait et faisait le commerce de la race warmblood du même nom.
Charlotte nous explique qu’elle est issue d’une longue lignée d’éleveurs de chevaux. Elle a été nommée Éleveuse canadienne de l’année par CE en 2015. Son grand-père et ses frères étaient de très grands éleveurs et marchands de chevaux au tournant du siècle précédent (des années 1800 à 1900). Ils étaient les plus grands marchands de chevaux d’Europe et vendaient environ 12 000 chevaux par an.
Charlotte Schickedanz de Markham en Ontario a été nommée Éleveuse canadienne de l’année CE en 2015. Elle est issue d’une longue lignée d’éleveurs de chevaux d’élite.
Gauche : Son grand-père Gustav Schickedanz à une vente aux enchères en Lituanie.
Droit : Son père, Gerhard Schickedanz (qui tient les reines) avec ses frères et soeurs.
Photo : Charlotte Schickedanz
Au tournant du siècle, deux Guerres mondiales ont éclaté et la famille Schickedanz a été forcée de fuir sa demeure en Lituanie. Le père de Charlotte, Gerhard Schickedanz, a immigré au Canada en 1951. Au début, il n’a pas pu continuer l’entreprise familiale et s’est lancé dans la construction plutôt que dans le domaine équestre. Avec le temps et un peu d’économies, Gerhard a pu réintégrer le monde agricole en 1960.
Dix ans plus tard, Gerhard s’est rendu en Allemagne et a acheté trois juments Trakehner qu’il a ramenées au Canada par vol commercial. C’était une première à une époque, car les chevaux étaient habituellement transportés par bateau. Une de ces juments, Abiza, était enceinte pendant le vol. En décembre 1970, elle a donné naissance à un petit poulain qui allait devenir l’un des plus célèbres sauteurs du 20e siècle : Abdullah.
Abdullah (Donauwind x Maharadscha) a fait rayonner le commerce de chevaux en plein essor de Gerhard en Amérique du Nord. Avec l’Américain Conrad Homfeld aux commandes, l’étalon a remporté la finale de la Coupe du monde à Berlin en Allemagne en 1985. Il a remporté l’or en équipe et l’argent individuel pour les États-Unis aux Jeux olympiques de Los Angeles en 1984 et il a aussi remporté l’or en équipe et l’argent à l’épreuve individuelle des Championnats du monde de saut d’obstacles à Aachen en Allemagne en 1986.
Abdullah est l’une des icônes de l’histoire du saut d’obstacles. Avec Conrad Homfeld aux commandes, il a connu une carrière incroyable. Il a remporté l’or en équipe et l’argent à l’épreuve individuelle aux Jeux olympiques de Los Angeles de 1984.
Photo : Tish Quirk
Ayant grandi dans ce monde équestre, il n’y avait aucun doute que Charlotte suivrait les traces de son père et ferait partie de l’élevage et de la vente à Schickedanz Galten Farms. « Mon père était très bon pour me laisser m’impliquer tôt. J’ai toujours eu un bon sens des chevaux. C’est presque comme si c’était en vous, à juger la conformité et avoir le sentiment de l’animal. À l’âge de 18 ans, je me suis de plus en plus impliqué pendant mes études universitaires », raconte-t-elle.
Dirigée par Charlotte, Schickedanz Galten Farms a produit son prochain grand champion : Amiego (Haendel x Maharadscha), un étalon de 1974 et demi-frère d’Abdullah qui a été monté par Peter Gray pour les Bermudes et qui a remporté une médaille de bronze individuelle aux Jeux panaméricains d’Indianapolis en 1987. Charlotte avait aidé à l’entraînement Amiego pour les Jeux panaméricains avec Susan Bundy de Toronto en Ontario. Elles sont devenues des amies pour la vie.
Gerhard Schickedanz surveille de près Amiego de Schickedanz Galten Farms. Gerhard a représenté les Bermudes aux Jeux panaméricains d’Indianapolis en 1987 avec Peter Gray.
Photo : Charlotte Schickedanz
Son aide à la formation d’Amiego n’est pas la seule contribution de Susan à Schickedanz Galten Farms. Sa fille Hanna était une élève de Jessica Phoenix. Susan a encouragé Charlotte à communiquer avec l’athlète olympique canadienne.
« J’ai toujours cherché des gens authentiques qui ont bon cœur et Sue m’a dit que je devais absolument rencontrer cette jeune femme. C’était en 2012, et c’était juste un an après la mort de mon père. Je pense que mon père aurait aimé Jessica, il aimait les gens qui ont du caractère », estime Charlotte.
À ce jour, Jessica a contribué au cheminement d’au moins 20 jeunes talents de Charlotte. Ils sont facilement identifiables par le suffixe « GS » dans leur nom. Sa carrière FEI avec les chevaux Schickedanz Galten a débuté avec Abbey GS en 2013 et s’est poursuivie avec cinq chevaux présentés par Jessica en 2019 : Eric GS, Watson GS, Virginia GS, Isla GS, et le meilleur étalon de Schickedanz Galten, Humble GS de la lignée initiale Abiza. Humble est l’un des partenaires vétérans de Jessica. Au cours de la saison 2019, ils se sont classés parmi les cinq premiers à la CCI 3*-S de Bromont et ont fait des débuts impressionnants à la CCI 4*-S en terminant 11e au concours international de trois jours de l’Ocala Jockey Club.
« C’est vraiment amusant », dit Jessica au sujet de la lignée du talent équin de Schickedanz Galten. « Ils arrivent à différents stades, parfois ils ne sont pas entraînés et parfois ils peuvent sauter de petits parcours. Ça dépend quels chevaux Charlotte m’envoie. Ensuite nous les entrainons à partir du stade où ils se trouvent. Humble est un cheval incroyable, si unique en son genre. Je le vois environ trois fois par semaine et je me concentre principalement sur le galop, le saut d’obstacles et juste passer du temps en selle pour créer un lien avec lui. Quel athlète incroyable ! Il a peu de temps avec moi et il réussit très bien. Il est si doué. »
La famille Schickedanz s’est associée à l’athlète olympique canadienne Jessica Phoenix pour dresser bon nombre de ses chevaux pour la vente et pour les compétitions, dont son étalon de prédilection, Humble GS.
Droite à gauche : Tom Nowaskey, Charlotte Schickedanz, Caroline Nowaskey et Jessica Phoenix
Photo : ©CE
Quand on lui a demandé de préciser les éléments qu’elle trouvait chez tous les chevaux GS, Jessica a mentionné leur volonté de participer : « Ce que j’aime le plus chez eux, c’est leur capacité à faire le travail que je leur demande de faire. »
Beaucoup de jeunes chevaux naissent chaque année, cette abondance de talents peut poser un problème pour Charlotte. Elle a tendance à trouver des montures potentielles pour Jessica plus rapidement que cette cavalière ne le voudrait. « Il se peut que je sois plus rapide que Jessica, même avec mes propres chevaux, à passer au suivant. Je crois que c’est comme ça que j’ai grandi, on était assez radical. La chose la plus importante pour le succès de ma famille est d’être honnête sur ce qu’on produit. Si ce n’est pas assez bon, il faut passe à autre chose. Mon père disait toujours : ‘Tout le monde ment, alors ne te mens pas à toi-même.’ Vous devez être votre critique la plus sévère de votre produit. Pourquoi prolonger l’agonie si je ne pense pas que ça va bien se passer ? », affirme Charlotte.
Jessica répond en riant qu’elle leur dit : « Donnez-lui du temps ! On a juste besoin de se détendre et de les laisser se développer un peu. »
Cela dit, Jessica et Charlotte s’entendent pour dire qu’elles ont eu énormément de chance de s’être rencontrées.
Selon Jessica : « C’est incroyable de pouvoir trouver des chevaux de classe mondiale à 30 minutes de chez soi. Plus besoin d’aller en Europe, ce sont des chevaux qui rivalisent avec les meilleurs au monde et je pense que c’est ce dont le Canada a le plus besoin. »
Charlotte a fait valoir que la relation entre l’éleveur et le cavalier va dans les deux sens, faisant remarquer qu’elle a eu beaucoup de chance de tomber sur une partenaire comme Jessica. « Il y a toujours de bons chevaux à découvrir, mais il n’est pas toujours facile de trouver la personne qui s’occupera de l’entraînement et y consacrera le temps nécessaire. Je pense que Jessica est un peu différente et qu’elle comprend le cheminement. C’est une question de temps et elle est très douée pour l’entraînement et adore s’y adonner. »
La relation entre Jessica et Schickedanz Galten Farms fait rêver les éleveurs et les cavaliers.
Droite à gauche : Tom Nowaskey, Jessica Phoenix sur Humble GS, Charlotte Schickedanz
Photo : Veronica Low
En résumé selon Jessica : « Je pense que c’est l’exemple parfait de ce que nous faisons ici. Si nous arrivons à regrouper des propriétaires et des chevaux canadiens avec des cavaliers canadiens, alors c’est formidable ! »